• Chapitre 6 : Fioritures et ronds de jambe (Sirius)

    Le prince était de retour, accompagné du condottière Mercurio. Le rat attendait de voir la réaction des gardes, sans doute pas au courant de l'escapade de Sirius. Quand au jeune prince, il se tenait fièrement, droit comme un pic.

    Les gardes aux portes de la citadelle échangèrent un regard en voyant arriver leur prince, qu'ils pensaient à l'intérieur.

    - Prince Sirius ? Vous étiez dans la ville... sans escorte ?

    Sirius savait déjà d'avance ce qu'il allait répondre :

    - Je n'étais pas seul , Mercurio était avec moi. Qu'aurait-il pu m'arriver ?

    Les gardes tournèrent leur regard vers le rat, comme si ils remarquaient seulement sa présence... Ou simplement qu'ils n'en avaient pas tenu compte.

    Ce dernier fit un rapide salut.

    - En effet, j’accompagnais messire le prince Sirius Havreblanc. Et il ne lui est arrivé aucun mal comme vous pouvez le constater.

    L'un des gardes, un chien brun aux oreilles tombante, se gratta la tête mais leur fit signe de passer. De toute façon, il ne relevait pas de leur pouvoir de juger la conduite du prince, et le roi allait de toute façon être mit au courant à un moment ou à un autre. Le prince savait parfaitement que sa conduite ne plairait pas à son père , mais il n'en avait pas peur. Il était habitué depuis son jeune âge à se faire remettre à sa place par les adultes ! Il adressa un signe au rat,"remercia" les gardes et entra dans la citadelle. Tout deux prirent prirent directement la direction du palais, en particulier vers l'aile central. Là où se trouvaient toutes les salles officielles de l'administration... Et sans aucun doute le roi.

    Louis II et ses châteaux - La salle de bal du Château de Neuschwanstein:

    Ils marchaient rapidement dans les couloirs. Mercurio saluait les nobles qu'ils croisaient d'un signe de patte, brièvement et chaleureusement. Alors qu'ils passaient dans un long corridor orné d'une tapisserie aux couleurs vives, il se tourna vers le prince.

    - Messire, arrêtez moi si je dis une bêtise... Nous allons voir votre père directement, pas vrai ? Inutile de faire durer une situation désagréable si elle peut être abrégée.

    Le prince suivait Mercurio lorsqu'il lui posa une question.

    Il y répondit rapidement.

    - Et bien... Maintenant ou plus tard pour moi c'est pareil.

    - Reste à voir si notre sire le roi est libre en ce moment. Il n'y a qu'une seule façon de le savoir.

    Il prit la direction de la salle du Trône. Le roi s'y trouvait la moitié du temps en journée, pour recevoir les plaintes, les jugements et autres visites. Au fond Sirius espérerait que son père n'était pas là bas. Avec un peu de chance il se trouvait à un autre endroit.... Non ?

    Ils croisèrent l'intendant avant d'entrer dans la salle du trône, et Mercurio lui demanda confirmation.

    - Oui, sire Roland est en pleine audience. Mais vous devrez attendre qu'il ait terminé si vous voulez le voir.

    Il loucha rapidement vers Sirius...

    - On va attendre ici... Ou si vous préférez nous pouvons nous promener dans les couloirs.

    Siruis espérait que le rat opterait pour la seconde solution.

    - Se promener dans les couloirs ? répéta-t-il. Dans quel but ? Vous devez connaître le palais par cœur à force de vous "promener".

    Le rat n'avait pas l'air d'apprécier l'idée, au vu de sa mine grincheuse, mais il ne réprouva pas clairement.

    -C'est vrai , vous préférez donc attendre ? 

    Le prince savait bien que son "ami" avait raison , il connaissait le château comme sa poche.

    - Ne me prenez pas pour un imbécile, prévint-il. Si nous commençons une "promenade" dans le dédale du palais, on ne sera jamais là à temps pour la sortie de votre père, et on devra à nouveau le chercher.

    -Soit, admit Siruis, surprit du ton employé... Nous attendrons.

    Le rodentien se radoucit.

    - Nous ne devrions pas avoir trop longtemps à patienter : midi va bientôt sonner et l'audience du roi ne durera pas à l'infini.

    Sirius hocha la tête et s'adossa contre un pilier. 

    - Je ne suis pas sûr qu'il soit content que je me suis "évadé" par une des façades...

    - Il doit avoir l'habitude, fit-il remarquer. Et que vous veniez avouer votre faute est un acte de courage qu'il ne pourra que noter.

    Le prince pouffa.

    -Je n'vais pas vraiment lui avouer , je vais juste dire que j'étais sorti et que j'ai rencontré Mercurio, ici présent.

    Le rat soupira, mais n'insista pas. De toute façon, que ce soit dit d'une façon ou d'une autre, ça revenait au même. Le roi Roland n'était pas un imbécile.

    Bientôt, l'audience du roi prit fin. Les portes de la salle du trône s'ouvrirent et vomirent une foule dense et bruyante. Mercurio réussit à intercepter le roi au passage, et le souverain se retrouva enfin face à son fils. Pour la première fois de la journée, il était forcé de lui dédier son entière et totale attention.

    - Sirius... Je suppose que tu as quelque chose à me dire ?

    -Oh euh... j'étais sorti, sans te permission, je l'assume, et j'ai rencontré Mercurio, j’étais bien protéger ne t'inquiète pas, c'est un fidèle,  jamais il ne m'aurai fait de mal n'est-ce pas ? énonça-t-il à toute vitesse en prenant le rat à témoin.

    - Bien entendu messire, fit le rodentien en s'inclinant bien bas.

    Cela ne paru nullement impressionner le roi.

    - Quand comprendras-tu qu'il est temps que tu prennes ton avenir en main ? A ton âge, Guillaume le Magnifique avait déjà conquit une bonne partie du royaume et rallié à sa cause des dizaines de maisons nobles.

    Sirius soupira.

    -C'est ennuyant... La politique et tout le reste c'est pas trop mon truc papa...

    - Tu n'as pas le droit de t'en détourner Sirius. C'est ton devoir. La vie n'est pas une partie de plaisir, il est temps que tu l'apprennes.

    -Je vais faire des efforts...

    Le prince soupira, une fois de plus.

    - Et souviens-toi aussi qu'un souverain se doit de toujours tenir ses promesse, ajouta le roi, jugeant sans doute l'occasion idéale pour placer son sermon.

     

    Mercurio jugea le moment opportun pour s'avancer vers le roi dans une courbette.

    - Sire, permettez : je ne puis être toujours présent à la capitale, mais ces périodes sont de plus en plus longues et régulières. Votre fils m'a fait l'offre louable de l'aider à mieux appréhender son fardeau en lui faisant office de conseiller officiel, et je m'y plierais avec honneur.

    Le roi regarda le rat comme si c'était la première fois depuis la discussion, alors que c'était justement lui qui était venu le chercher. Il se racla la gorge.

    - Sirius, est-ce bien vrai ?

    Il n'y avait aucun reproche dans le ton de sa voix, juste une demande sincère de confirmation. Siruis hocha la tête avec un sourire forcé.

    Sire Roland passa une main lasse dans sa foisonnante crinière.

    - Si un conseiller pouvait te mettre un peu de plomb dans la tête, je ne le lui refuserais pas. Tu es sûr de ton choix ? ... Sans vouloir vous vexer, messire Mercurio.

    Le rat avait d'abord fait la moue, mais reprit rapidement un visage digne.

    -Mercurio est digne de confiance père ! Je suis sûr qu'il saura m'apprendre...

    Le roi fronça le museau devant le petit sourire satisfait de ce rodentien qui n'était même pas noble, mais accepta tout de même.

    - Soit. Qu'il en soit ainsi.

    Le prince aurait voulu sauter dans tout les sens...mais...euh...Il ne le fit pas. S'il voulait paraître sérieux pour convaincre son père il devait faire des efforts (même si ceux ci n'étaient pas sincère)

    Il se contenta d'une "révérence".

    -Merci père.

    - Bien. A présent, laissez-moi : je me dois de retourner auprès de mon conseil. Ma journée n'est pas terminée.

    Puis il s'éloignant sans plus leur prêter d'attention. Mercurio s'adressa alors au prince :

    - Dites-vous que ç'aurait pu être pire. Nous autres, rodentiens, avons bien du mal à nous faire une place auprès des "grands".

    -Je comprends.

    - Que diriez-vous de rendre mon aide officielle ? Sans ces petits morceaux de parchemins, le roi votre père saurais encore trouver un moyen de vous... isoler à nouveau.

    - Bonne idée.

    - Avez-vous du papier, de l'encre et de la cire dans votre chambre ?

    Bien sûr qu'il avait cela. Tout deux rejoignirent la chambre de Sirius, une vaste pièce aux couleurs de Havreblanc et aux meubles ornés aux prix sans doute exorbitants.

    - Beaux appartement, complimenta le rodentien.

    Sirius lui fit un simple signe de tête qui voulait dire merci et se dirigea vers son bureau , là où se trouvait l'encre et le papier : deux choses qu'il n'avait pas vraiment l'habitude de toucher...Ou du moins pas de son plein gré.

    - Vous permettez ? demanda le rodentien en désignant les objets.

    Soit le prince souhaitait lui-même écrire les termes de son "augmentation", soit il le faisait lui même. L'écriture importait peu sur un papier officiel : seule la signature comptait. Sirius opina donc de la tête et lui tendit les instruments.

    Mercurio s'approcha de la table et étala le papier. Il observa la plume avec intérêt, puis la trempa dans l'encre noire. Il commença à écrire.

    Il avait beau avoir grandit dans des conditions précaires et dans une famille de basse extraction, il s'était arrangé pour apprendre à lire et écrire au court de ses pérégrinations. Entre autres. Une écriture fluide mais sans fioriture, du genre rapide et claire. Du genre qui pouvait parfaitement signer un arrêt de mort.

    Pour l'occasion, nul besoin de se presser. Il prenait le temps de réfléchir aux termes adéquats, et jetait parfois un regard au prince à ses côtés, comme pour s'assurer de son assentiments. Il opta finalement pour des termes simples, mais surtout officiels. Tout le tralala des formules de politesses et des titres y passa aussi, impossible d'y couper. Vint la touche finale : les signatures des deux parties du "contrat". Car cette dérogation de titre y ressemblait beaucoup en fin de compte : le condottière Mercurio des Lames de Sang s'engageait à conseiller le prince Sirius Ier Havreblanc au meilleur de ses capacité et disponibilités pour le bien du royaume, et ce dernier lui assurait en retour la protection de la famille Havreblanc et des portes toujours ouvertes à la capitale pour lui et les siens. Beaucoup de mots pour pas grand chose, mais c'était la seule façon de concrétiser leur arrangement.

    Il tendit à Sirius le papier et la plume.

    - Il faut signer, prince.

    Le jeune matou signa sans hésitation. Il était tout aussi ravi de rendre cela officiel.

    Le rat récupéra plume et papier, et signa à son tour. Puis il fit fondre un cachet de cire et sortit d'une poche intérieur de son veston le seau qu'il avait fait graver à l'image de son symbole : la rose. Une fois la marque officielle imprimée, Mercurio secoua un peu le document pour le faire sécher et le tendit au prince.

    - Et voici.

    - Merci. Je la donnerai à mon père ce soir.

    Mercurio sourit avec satisfaction. A partir de maintenant, même le roi ne pourrait plus le démettre de ses fonction sur un simple coup de tête. Le papier faisait foi.

    - Prenez-en soin, mon prince.

    - Je n'y manquerai pas.

    - C'est un plaisir pour moi que de pouvoir vous servir, mon prince. Nous nous revoyons ce soir lors du dîner du roi ?

    Il était de notoriété publique que le roi prenait six jours sur sept son repas en présence de sa cour, dans la Grande Salle du palais. Sirius était secrètement ravi , il avait toujours voulu avoir quelqu'un avec qui être complice.

    -Oui , nous nous verrons ce soir.

    Avec une courbette sophistiquée, Mercurio lui souhaita une bonne fin d'après-midi et recula vers la porte, avant de lui fausser compagnie. Siruis le salua et retourna s'assoir sur son lit, un livre à la main. Il aimait la lecture.


  • Commentaires

    1
    Legenduil
    Mercredi 27 Mars 2019 à 20:53
    J'adore ton style d'écriture ! Il est agréable et fluide ! En plus un chapitre sur Sirius... j'ai beaucoup aimé.
    2
    Mercredi 27 Mars 2019 à 21:39

    Tu ne peux pas te connecter ?

    Haha... mais c'est ton texte après tout ! J'ai simplement adapté pour rendre le tout plus fluide (les RP ne s'enchainant pas toujours comme dans un roman).



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