• Chroniques version romancée

  • Sylta se leva de bon matin, surexcitée. Aujourd'hui était un grand jour pour elle car elle allait enfin rencontrer son mentor ! 

    Elle grignota rapidement de quoi tenir jusqu'à midi et retourna dans sa chambre où elle enfila la tenue que sa mère lui avait tricoter pour ce grand jour : une combinaison noire à manche courte avec un "foulard" marron passant derrière la nuque, croisant sur le devant pour finir attaché sous la ceinture. Ce foulard avait exprès quelques poches intérieur. 

    Elle enfila ensuite un bracelet d'avant bars, des bottes marrons et le tour était joué. Un coup de brosse sur la queue et la tête pour remettre les poils en ordre et la voilà partie. Elle fila dans les rues pour se rendre au point de rendez-vous.

    Sylta arriva surexcité et s'approcha du lac. Son lieu de rendez-vous pour sa toute première journée d'apprentie ! 

    En regardant autour d'elle à la recherche d'une silhouette, elle réajusta sa ceinture. Ne regardant pas où elle marchait, elle trébucha contre une petite pierre mais se rattrapa à 4 pattes avec habitude et se releva rapidement. En effet, la perte d’équilibre pouvait s'avérer courant chez elle mais à force, on apprend à tomber et se relever.

    Soudain, une flèche se planta dans l'arbre à côté d'elle. Une longue flèche empennée de gris, qui vibra quelques instant dans le bois avant de s'immobiliser, profondément plantée dans l'écorce.

    Sylta sursauta et sa baissa en observant la flèche profondément plantée. Wa ! Elle aurait traversé mon crane ! s'affola t-elle en se relevant et fixant approximativement la source du tire en reculant vers cette flèche, comme pour espérer également se cacher dans le bois tout en allant la voir. Si ça se trouve, c'était un coup de son mentor ! Alors son but n'était pas de la viser, ou bien elle était tombée sur un fou furieux qui tuait tout ce qui bougeait. Dans tous les cas, sa confiance avait baissé et elle était maintenant sur la défensive et la plus grande écoute.

    Tout était à nouveau vide, comme avant que la flèche ne fuse. Seul le clapotis de l'eau, le chant des oiseaux et le vent dans les feuilles troublaient le silence du lieu.

    Soudain, un bruissement dans les arbres, à une dizaine de mètres de l'emplacement de Sylta. Le son était assez discret au milieu des bruits naturels, mais le vent seul ne pouvait pas en être responsable. Pourtant, il était bien loin de la direction d'où provenait la flèche, beaucoup plus sur la droite de l'hermine.

    Alors qu'elle fixait toujours le point de départ, son oreille se dressa au fin bruit tellement elle était sur la défensive. Sa tête se tourna donc vers la nouvelle source du bruit, tête vers les arbres à la recherche d'une silhouette. Automatiquement, elle recula en dehors des arbres pour éviter de se faire sauter dessus. "ça doit être la même personne.. Mais il va super vite alors ? J'aurais le temps de le voir ? Et s'il tirait encore une flèche ?" se demanda t-elle. Alors que la peur lui tordait le ventre, elle se baissa pour ramasser un pauvre bous de bâton et continuer à reculer vers le lac. "Non... S'il retire une flèche, je ne pourrais pas me protéger avec un baton.." Mais que pouvait-elle prendre ? Les yeux toujours rivés sur la forêt et les oreilles tendues, elle se souvint qu'elle avait du flaire ! Dit donc, c'était pas dur pourtant ! Alors elle envoya ses moustaches en avant à la recherche d'une odeur mais rien... Il y avait tellement de senteur ici, entre les passages d'animaux, les bonnes fleurs et simplement la bonne odeur de la forêt, elle ne parvint à déceler rien d'autres...

    Le bruit recommença, plus insistant. Il approchait. Presque à l'orée des arbres cette fois.

    Se sentir observé et même à demis traqué l'énervait au plus haut point, alors, elle fronça les sourcils et se redressa :

    "Qui est la ? Montrez-vous !" ordonna t-elle le plus durement possible bien que sa voie se fit également tremblante... Mais elle ne se démonta pas et tenait fermement son bout de bois. Alors, un sifflement retentit dans son dos. La source du bruit sortit des taillis auxquels elle faisait face : un poney gris au long poil, un peu trapu et à la crinière hirsute.

    La petite Hermine tourna d'un bon avant de se retourner vers le poney. 

    "Un poney ?" s'étonna t-elle mais, impossible, quelqu'un avait tiré une flèche. Surement la même personne au sifflement. Mais comment faire, le poney était d'un côté et le propriétaire de l'autre. elle se mit donc de profil au deux afin de pouvoir avoir le tout dans son champ de vision.

    Une silhouette bougea sur le côté. Le côté d'où provenait le sifflement.

    Tant qu'elle était resté immobile, elle était restée fondue dans le décor, mais maintenant elle s'avançait vers Sylta, totalement à découvert. Elle portait une cape brune et vert à capuchon, sous lequel seul était visible le bout du museau de loutre de son propriétaire.

    Rejetant la capuche en arrière, le personnage (presque aussi petit qu'elle) révéla un tête de loutre au poil grisonnant, au regard sévère et... légèrement amusé.

    "Bonjour Sylta. Je présume que tu sais qui je suis."

    Au début, Sylta avait fait quelques pas en arrière jusqu'à ce que l'étrange personnage ne se découvre. 

    Habillé de la fidèle cape, aussi secret, discret, rapide. Ca ne pouvait être que lui... Mais la méfiance était toujours présente, disons que l'approche n'avait pas été des plus rassurantes. 

    Elle sourit donc, comme pour lui faire comprendre qu'elle avait deviné, du moins sa petite idée. 

    "Qui êtes vous ? demanda t-elle quand même.

    - Ton mentor pour les années à venir. Du moins si tu cesses de me vouvoyer, car je ne voudrai pas d'une apprentie qui me prenne pour un seigneur."

    Le poney était arrivé à leur niveau et renifla Sylta avec curiosité.

    Elle fit les yeux ronds. Voilà qu'on ne voulait pas être vouvoyer. C'était un choix... 

    "Heu...ou, oui." 

    Elle retrouva le sourire quand le poney vint la renifler et lui grattouilla le chanfrein du bous du doigts pour ne pas le brusquer. Puis, elle posa de nouveau ses petits yeux curieux sur son mentor. Ce dernier fit un signe de tête en direction du poney.

    " Et lui, c'est Cendre. J'espère que tu n'as rien contre les poneys, car tu va devoir supporter son sale caractère pendant toutes tes années d'apprentissage."

    Comme si il avait pu comprendre, le petit équidé s'ébroua et le fixa de ses petits yeux sombres. Il n'avait à aucun moment cherché à s'enfuir.

    "Il n'a pas l'aire têtue avec vous...toi. Mais je suis prête à tout endurer pour devenir excellente, Promit-elle.

    - On verra cela..."

    Il s'avança vers l'arbre le plus proche et arracha la flèche. Il l'étudia un instant puis la replaça dans le carquois qui pendait dans son dos.

    " Tes réflexes ne sont pas mauvais... Pour une hermine sans entraînent. Mais tu peux me dire ce que tu comptais faire avec ce bâton ?"

    Ses yeux se baissèrent vers le bâton laissé tomber à ses pieds. 

    «Et bien... » elle était coincé, évidemment qu'elle n'aurait pas été loin avec ce pauvre bout. «Rien... mais.... mais des fois j'étais bien contente d'avoir un bous de bois pour frapper...mais là, je sais pas.» 

    Elle faisait allusion à la fois où elle avait défendu son ami. Mais c'était évident que la, ça ne lui aurait servit à rien, juste à lui donner une contenance.  

    Le rôdeur dû remarquer le malaise de la jeune hermine.

    "Bon, soit. Viens avec moi, et tu ne devrais plus avoir besoin de bâton."

    Il attrapa Cendre par la bride, se tourna vers la forêt et fit signe à Sylta de suivre.

    Un peu plus confiante, elle le suivit en laissant son vulgaire bâton par terre. Toute contente, elle marcha assez rapidement pour venir à peu près à sa hauteur au cas où il lui expliquerait encore quelques trucs. 

    Le temps de silence, elle se demandait où il l'emmenait, pourquoi. 

    Tout le long du chemin menant à la forêt, il ne prononça pas un mot. Il jetait quelque regards de temps en temps à sa nouvelle élèves, mais pas non plus le moindre geste à son égard : juste marcher le long de la route. Jusqu'à ce qu'il emprunte un sentier coupant à travers bois en faisant signe à Sylta de le suivre.

    La jeune hermine suivait toujours en observant tout ce qu'elle pouvait voir, comme si la forêt était maintenant transformé et qu'elle la voyait d'un œil nouveau. Quand son mentor prit le petit sentier, elle s'étonna de n'avoir toujours aucune information ou ne serais qu'un mot mais suivit sagement bien qu'elle se faisait de plus en plus méfiante. Ses parents lui avaient toujours répété de ne jamais parler aux inconnus et voilà qu'elle en suivait un à travers les bois... Mais elle avait confiance en lui : c'était son mentor, c'était sûr ! 

     

    Sylta suivait toujours son nouveau maitre en attendant patiemment qu'il brise le silence très déconcertant. Elle s'attendait à plus bavard à vrai dire... Mais si c'était ainsi. 

     Ils avaient déjà bien avancé dans la forêt lorsqu'il se décida enfin à parler : le chemin qu'ils avaient emprunté s'était réduit à un petit sentier en sous-bois, et Baldr était désormais loin derrière eux.

    "Ainsi, tu souhaites devenir rôdeur. C'est tout à ton honneur. Que sais-tu de notre Ordre ?"

    Il savait que la question n'était pas anodine : les informations sur la guilde à la portée de tous étaient maigres, et c'était l'effet escompté.

    Elle sursauta lorsqu'il ouvra enfin la bouche pour lui parler. Elle réfléchi donc un cour moment, juste le temps d'ouvrir tous les tiroirs de son cerveau sur ce sujet puis répondit finalement :

    «Oh, je très peu de chose. Déjà que la guilde existe. Que vous êtes des combattants que personne ne voit...et que vous faites le bien. C'est tout.  hasarda t-elle en cherchant le plus loin possible dans ses souvenirs.

    - Et notre rôle ? A ton avis, pourquoi le roi a-t-il besoin de nous ?"

    Il comptait déjà savoir si la jeune hermine faisait partit des superstitieux persuadé que la sorcellerie existait et que les rôdeurs la pratiquait. Bien que, rien que par son enthousiasme à venir au rendez-vous, elle n'avait pas l'air d'être trop asservie par ce genre d'idées.

    «Faire le bien. Parce que...parce que...» elle réfléchi, cette fois non pas dans ses souvenirs mais dans sa logique «parce que vous faites parti des meilleurs combattants d'ici...?» son ton sur l'interrogation lui montrait qu'elle essayait de deviner. 

     «Faire le bien. Parce que...parce que...» elle réfléchi, cette fois non pas dans ses souvenirs mais dans sa logique «parce que vous faites parti des meilleurs combattants d'ici...?» son ton sur l'interrogation lui montrait qu'elle essayait de deviner. 

    " Meilleurs combattant ? Peut-être pas... Nos armes sont simplement différentes. D'ailleurs, nous voici arrivés..."

    Comme il prononçait ces mots, ils débouchèrent sur une clairière en forêt à côté de laquelle coulait un petit ruisseau. Le poney poussa un petit hennissement et trottina vers la maison, avant de s'arrêter juste devant la porte pour brouter l'herbe fraiche.

    Sylta regarda la petite maisonnette émerveillée. Elle avait faux ? S'était encore mieux ! Elle découvrira tout depuis le début. L'excitation de la découverte revint comme un éclair en elle.  A nouveau, le rôdeur lui fit signe de le suivre et rejoignit le poney près de l'entrée.

     

    Sylta suivait toujours Hadrian quand ils arrivèrent dans la petite maisonnette. Le petit poney prit de l'avance pour brouter à l'entrée tel un habitué, ce qui rassura inconsciemment la petite hermine. 

    Cette maison était tout simplement magnifique ! Et fonctionnelle. Le petit ruisseau offrait de l'eau courante et potable, tout en rajoutant une touche de féerie dans la petite clairière aux herbes plutôt hautes, juste bien. Un ou deux jeunes arbres presque collés sur la gauche intégrait encore mieux l'abris à ce si beau cadre. Sans parler des rayons du soleil qui filtraient à travers le feuillage des arbres la rendant si resplendissante. Seule sa façade un peu salie et pas très entretenue pouvait la rendre douteuse. Mais pas abandonnée car le toit restait en très bon état. En tout cas, c'était magnifique et calme, le poney broutant amenait encore un peu de tranquillité.

    Le rôdeur dû remarquer l'émerveillement de Sylta, car il eut un petit sourire, le premier depuis qu'il l'avait accueillit.

    "Si ton apprentissage se déroule comme prévu, c'est ici que tu vivras les prochaines années."

    Il prit à nouveau le poney par la bride et l'entraîna jusqu'au coin de la maison. Là, il ouvrit une barrière pour le laisser entrer dans un petit enclos, et prit garde de lui retirer tout son matériel avant de refermer la porte de bois.

    "Viens, entrons. Je vais commencer par te parler un peu plus en détails de notre fameuse guilde."

    Elle le suivit derrière la maison et le regarda s'occuper de son poney en remarquant le petit tas de bois. Sûrement en réserve pour l'hiver, ce qui expliquerait qu'il soit si pauvre en début de printemps. Puis elle le suivit avec une petite hésitation à l'intérieur. 

    Elle se maudit de rester dans le silence alors qu'il lui parlait enfin mais aucun mot ne sortait. 

     Il s'arrêta juste au seuil de la porte pour sortir une petite clé de fer d'une poche de son haut et la glissa dans la serrure. Quelques cliquetis plus tard, la chaumière s'ouvrait et la loutre se glissa à l'intérieur. Sylta le suivit avec une petite hésitation avant de vraiment rentrer et laisser son regard parcourir la petite pièce. 

    Un peu déçue de l'apparence intérieur par rapport à l'extérieur, elle essaya de trouve un certain charme, comme celui du bois. Elle était une fois de plus fonctionnelle, le lit dans la pièce à vivre, une sorte de petite cuisine et une table. Ou dormira t-elle si elle devait vivre ici ? Elle remarqua une petite mezzanine au dessus et sourit avant de se concentrer sur son mentor. 

     Celui-ci attisait les braises pour faire repartir le feu et plaça au-dessus un récipient de fer remplit d'eau.

    "Assied-toi", invita-t-il Sylta en désignant une chaise du regard, juste à côté d'une table en bois. "J'espère que tu n'as rien contre les infusions."

    La nouvelle apprentie hocha la tête et s'assit en doucement en le regardant. Elle vit qu'il essayait de la mettre à l'aise et en sourit. 

    «Pas du tout.» réussi t-elle à articule d'une voie posée et sûre, pas tremblante comme vers le lac. 

    Cette cheminée, elle apportait un bien-être en plus et donnait un petit cachet chaleureux à la pièce pour faire oublié le peu d'âme de l'intérieur de cette maison. Elle en mettait d'ailleurs bien plus, et Sylta commençait à bien l'apprécier.

    Tandis que l'eau chauffait doucement au dessus du feu, le rôdeur tira une chaise à lui et se tourna vers sa nouvelle apprentie.

    "Commençons par le commencement. La guilde des rôdeurs existe depuis un peu plus d'un siècle, et depuis le début son rôle principal est de servir le roi et sa famille. Le comte de la région que nous devons servir est bien entendu le premier intermédiaire direct dans la vie de tout les jours, mais si jamais il en venait à se révolter contre son roi légitime, le devoir d'un rôdeur est de servir la couronne avant tout. Faire autrement serait considéré comme un traitrise."

    Il parlait d'un ton neutre et posé, sans la quitter des yeux. Le prélude à son apprentissage n'était pas le plus agréable, mais c'était une étape incontournable et exigée par le roi lui-même. Sylta avait dressé les oreilles vers lui, très attentive pour tout enregistrer. Elle se maudit de ne pas savoir écrire pour tout noter afin de pouvoir le relire Après être sûr de tout avoir. Et puis de toute façon, elle n'aurait pas osé le couper. Peut-être qu'il le répètera plus d'une fois. À la fin, elle essayera de lui demander s'il savait lire et écrire pour le lui noter et lui apprendre à lire aussi... 

    Voyant que son élève était attentive, il poursuivit :

    "Heureusement, nous avons rarement affaire à ce genre de cas. La plupart du temps, on nous demande surtout de nous occuper de tel ou tel groupe de bandits trop malins pour se laisser prendre par les soldats du comte, ou encore d'escorter un ambassadeur pour une mission délicate... Mais notre crédo reste la discrétion avant tout : la crainte que nous inspirons aux autres représente une arme autant que nos arcs et nos poignards."

    Elle n'osait plus le couper et commentait silencieusement. «Wow» «ok» «ça doit être palpitant !» sont les mots qui revenaient le plus. Quand il marquait une pause, elle récapitulait rapidement dans sa tête. «Alors, on serre directement le comte de la région mais par dessus tout le roi. On escorte, ou nous occupons des bandit d'ici quand les autres n'y arrivent pas. On est des bonus alors ! Des plans B, vu comme les meilleurs ! Attends... mais alors pourquoi leur réputation n'est pas si bonne que ça ? Je sais qu'on les crains et comme il le dit, qu'ils sont tellement discret qu'ils surgissent de nul par, mais pourquoi sont-ils mal vu ?» la question lui démangeait les lèvres mais attendit toujours, peut-être que la réponse viendra après...

    "Voilà, conclu-t-il, tu sais à peu près de quoi il retourne. Mais, comme je dis toujours : rien de mieux qu'un exemple. Tu saisiras bien vite en t'intégrant au quotidien de la vie d'un rôdeur. Ou plutôt d'une apprentie rôdeur dans ton cas."

    La petite fronça les sourcils dans un mouvement de recule. "C'est tout ?" S'étonna t'elle en silence mais la suite l'attendrit. Ce n'était pas faux.

    Il se leva et s'approcha du feu.

    "L'eau est chaude... De la sauge, cela t'ira ?

    - Tout me vas..." répondit-elle sans savoir ce que c'était que cette saveur mais elle se savait pas très compliquée. 

    Il décrocha quelques feuilles séchées parmi celles pendant au-dessus de la cheminée et les laissa tomber dans l'eau chaude. Il s'éloigna de quelques pas et se hissa sur la pointe des pattes pour attraper deux bols qu'il posa sur la table l'un à côté de l'autre.

    " Le temps que les herbes infusent et ce sera bon."

    Elle le regarda faire, attendant sagement et admirative quoi qu'il fasse. Puis, une question lui vint et elle ne réfléchi pas avant de la pauser :

    "Vous.. Tu es le seul rôdeur à vivre ici ?" 

    Hadrian restait debout à côté du feu, mais avec la tête tournée vers la jeune hermine.

    " Ici ? Oui, oui, bien sûr... Ho, j'ai oublié l'essentiel, c'est ça ? Il n'y a qu'un seul rôdeur par comté en position fixe, avec éventuellement un apprenti. C'est pourquoi nous devons apprendre à vivre avec la solitude, quelque chose de très important si tu veux devenir rôdeur à ton tour."

    La solitude ?! s'étrangla mentalement la jeune hermine en retenant la belle grimace de dégout avec la langue sortie. Mais bon, s'il fallait... Oh non ! elle qui était si sociable, va t-elle devenir une vieille bique qui cri avec sa voie enroué à chaque bruit ? Non... Non. Ce n'est rien, et pour le moment, elle a son mentor. 

    "Et la famille ? On ne peut plus leur donner de nouvelle ?" voulu t-elle demander quand même, car la famille est une chose essentiel pour elle.  

    Le rôdeur dû bien remarquer la grimace de Sylta, mais il ne releva pas.

    "Oui, tu pourra encore aller voir ta famille, même un rôdeur a droit à quelques jours de congé par an. Mais il faudra respecter le secret professionnel, même si tu fais confiance à tes proches.

    - Promis." fit-elle alors en retrouvant le sourire.

    " L'eau doit être suffisamment infusée maintenant, déclara-t-il en versant précautionneusement le liquide bouillant dans les bols."

    Il n'ajouta rien de plus. Hadrian était plus doué pour se fondre dans le décor que pour parler.

    Sylta attendit qu'il finisse de verser et prit  délicatement un bol en faisant attention de ne pas se bruler. Elle resta un instant à se réchauffer les mains de chaque côté du bol 

    «Merci beaucoup.» 

    Puis elle en prit une petite gorgée, qu'elle sentit descendre et sourit. C'était bon. Il s'assit à nouveau, juste en face d'elle.

    "Rien de tel qu'une infusion bien chaude quand vient la saison des neiges."

    Bref silence.

    "Et même à la saison du dégel aussi d'ailleurs. Rien de tel qu'une bonne infusion tout court."

    Elle sourit en le regardant. Bon, cette fois, c'était pas dur à comprendre : son mentor aimait les infusions. 

    Un autre question lui vint, qui ne lui servira peut-être pas beaucoup, mais autant savoir :

    «Pourquoi cette guilde a été créé ? Comment y ont-ils pensé ?»

    Il prit le temps d'avaler quelques gorgées avec précaution, puis se lança à nouveau dans ses explications :

    "Au début, la guilde n'avait rien à voir avec ce qu'elle est aujourd'hui. Crée dans une période d'incertitude politique, où la famille Windingice cherchait à s'imposer comme souveraine... elle servait au début comme réseau d'espionnage au sein des familles importantes du royaume. Elle ne fut rendue légitime qu'une cinquantaine d'années plus tard, lors du règne de Gahalad II, aussi appelé le Puissant car c'est lui qui affermit le pouvoir de la famille Windingice dans tout Naerthena... A l'époque, les reptiliens ne nous avaient pas encore volé une partie du territoire. D'ailleurs... Heum, bref, je m'égare. Où en étais-je ? Ah, oui, Gahalad le Puissant... très important dans l'histoire de notre guilde... Il n'eut rapidement plus besoin d'espion dans tout les comté, alors il la rendit officielle aux yeux de tous, et d'espions nous étions passés à simple vigiles : vérifier que les nobles restaient bien à leur place."

    Il se permit quelques secondes de pause supplémentaire pour boire une petite gorgée de liquide chaud.

    "Au fil des années, notre rôle s'est modifié : le royaume était bien unifier, le roi ne craignait plus vraiment de révolte, et les rôdeurs ne servaient plus à rien... Mais tout ces mustins aux capacités d'espionnage éparpillés dans le royaume allaient encore servir. En un siècle, cette guilde si secrète élabora de nombreuses techniques qui lui sont propres et qui attirent toujours l'étonnement des autres. En plus, avec l'appui du roi, nous avons encore aujourd'hui droit à du matériel d'excellente qualité qui nous aide beaucoup dans notre travail."

    Il regarda la petite hermine pour voir sa réaction.

    Sylta écouta attentivement et remis le tout dans l'ordre. Son air très absent informait qu'elle réfléchissait, intégrait, répétait mais c'était si difficile... surtout quand on avait pas l'habitude. Elle fini par un «d'accord»  simple et toujours absent. 

    Il hocha la têt à son tour, satisfait de voir son élève si attentive.

    "C'est tout ce que tu as besoin de savoir pour le moment sur l'histoire de notre guilde. Demains commencera l'entraînement physique, car tu dois te douter que tu as bien des choses a apprendre avant d'accéder au rang de rôdeur à part entière.

    - Oui je m'en doute.» 

    Maintenant, elle espérait voir sa chambre, se familiariser avec son nouveau lit. 

    Il n'ajouta rien derrière ces mots. Après de longs instants de silence, il demanda finalement :

    " As-tu terminé de boire ?"

    Elle finissait justement sa dernière gorgée, la tête cachée derrière le bol, elle le posa au final sur la table :

    "À l'instant !" 

    Il se leva et lui fit signe de le suivre.

    " Ta chambre est juste à côté, dans une pièce à l'arrière. De ta fenêtre, tu pourras voir Cendre dans son pré."

    Toute contente, elle le suivit. En ouvrant la porte, elle découvrit sa petite pièce à elle. Sous l'indication de son mentor, elle s'en alla voir sa vu par la fenêtre. Tout sourire.

    Hadrian était resté à la porte de la chambre, silencieux. Il s'esquiva sans un mot, la laissant s'installer dans un premier temps pour ce qui devrait devenir son "chez-elle" pour les prochaines années à venir.

    Sylta s'approcha alors du lit et s'assit dessus, un peu mal à l'aise, mais c'était aussi pour voir s'il était mou ou pas. La jeune hermine adorait tout ce qui était moelleux ! 

    Bon... Elle se décrocha enfin de son sac à dos pour regarder à l’intérieur. C'est bien les seules affaires qu'elle avait emmener, comptant sur son mentor pour lui fournir la bonne tenue qu'elle aura besoin en tant qu'apprentie. Puis elle ressortie, un petit sourire aux lèvres

    Le rôdeur était occupé à découper des panais sur la table en bois. Il leva la tête vers elle et lui lança :

    "Cette chaumière est dans un état lamentable... Tu devrais trouver un balais juste à côté de la porte d'entrée."

    Elle le fixa avant de poser le regard sur le balais en question. Surprise ou frustrée, en tout cas, elle comprit qu'elle devait passer un coup de balais sur le sol. 

    En s'y approchant, elle pestait mentalement. Dans ses rêves, son mentor allait immédiatement lui faire gouter à l'entrainement, une partie en tout cas, pas qu'il allait lui faire comprendre qu'elle devra l'aider à entretenir la maison. Ce qu'elle n'avais jamais douté, c'était une évidence qu'elle allait autant aider ici que chez elle, enfin, ses parents mais elle s’imaginait une journée bien plus palpitante. 

    Mais sans un mot de mécontentement, elle prit le balais par le manche et commença gauchement à balayer le sol. 

    Tout en continuant à préparer son ragoût de panais, Hadrian observa discrètement la réaction de Sylta. Enfin, discrètement... il ne s'en cachait pas, mais n'insistait pas non plus. Il laissa tomber les tranches de tubercule dans une petite marmite qu'il avait laissé à bouillir sur le feu, et s'attaqua à un navet.

    La petite continuait à balayer pour avoir un petit tas au pied de son balais, qu'elle laissa dans un coin une fois assez gros puis reprit. Elle le faisait moins gauchement maintenant, ne voyant aucune remarque arrivé, ces coups devinrent plus habitués.

    Le rôdeur la laissa balayer durant de longues minutes. Tout le temps qui lui fallut pour terminer le repas. Lorsque la petite hermine eut fini et bien fini tout la pièce à vivre, il déclara calmement :

    " Reposes donc ton balais et viens à table. Le ragoût doit être prêt, tu m'en diras des nouvelles."

    Elle sourit et reposa son balais au même endroit. Puis, elle le rejoignit à table, étonnée que ce soit lui qui cuisine. Surtout pour faire un ragoût ! Jamais son père n'avait aidé sa mère à faire à manger, prétextant que c'était son boulot, alors, Sylta s'était attendu à manger 3 carottes froides pour le dîner. Mais non, Hadrian paraissait aimer tout autant manger de bons plats consistants. 

    Tandis qu'elle s'asseyait, il sortit le petit chaudron du feu et le déposa sur la table en bois. Des écuelles avait préalablement été installées, et il les remplit à coup de louche du fameux ragoût.

    "je ne suis pas une grande mangeuse." Informa Sylta en le voyant la servir pour ne pas qu'il lui en donne trop par rapport à sa faim. 

    Elle regarda le ragoût qu'elle devrait manger alors que son ventre ne criait pas famine, mais ce n'était pas le moment de faire la difficile. Elle ne l'avait jamais trop fait d'ailleurs et mangeait ce qu'on lui donnait, du moment qu'il n'y en avait pas trop dans l'assiette. 

    "Merci." Dit-elle ensuite sans oser le regarder. 

    Enfaite, elle n'avait toujours pas osé le regarder pour de vrai, dans les yeux. 

    Hadrian s'assit en face d'elle. Dehors, le soleil atteignait son zénith, indiquant l'heure du midi.

    Peu habitué à converser, ni même à partager ses repas, le rôdeur mangeait en silence. Pas un silence morose, ni boudeur, ni même attentif... Simplement un silence sans paroles. Comme son nouveau "locataire" (sauf que la, c'est elle qui est la nouvelle) ne pipait mot, Sylta faisait de même et mangeait rapidement son repas, pressée, toujours aussi pressée, de passer à la suite. 

    Le rôdeur, lui, prenait son temps. Il s'amusait visiblement de l'impatience dont faisait preuve sa jeune élève.

    Lorsqu'il eut bien fini son assiette, il se leva finalement.

    "Je te sens pleine d'entrain. Ça tombe bien : il y a maintenant deux écuelles et une marmite à porter à la rivière. On ne va tout de même pas remanger ce soir dans le ragoût de ce midi !"

    Elle le regarda, sans trop d'expression. "Il se moque de moi là." Pensa t-elle. Du moins, c'est ce qu'elle aurait répondu si elle aurait été poche de lui. Et puis, c'était évident. Elle se contenta donc de hocher la tête :

    "Oui bien sûr."

    Il prit donc le chaudron qui attendait sur le sol, posé à côté du feu.

    " Je te laisse prendre les assiettes, rejoins-moi à la rivière."

    Sur ce, il sortit sans attendre en laissant la porte ouverte.

    Elle le regarda partir avant de rassembler les assiettes et le rejoindre comme gentiment ordonné. 

    Elle s'accroupit à côté de lui et commença à frotter. "Je me demande s'il me fera voir un avant-goût de l'entraînement qui m'attend aujourd'hui." Songea t-elle presque à regret. 

    Mais tout n'arrive pas comme dans les rêves, il y a la réalité qui est souvent un peu plus fade... de toute façon, elle allait bien l'avoir un jour, aujourd'hui ou demain.


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  • Sirius sauta sur un arbre de la cour en observant l'horizon. Le vent secouant ses moustaches et sa fourrure. Un vent agréable et doux. Le printemps : il l'avait attendu bien longtemps.

    Le roi Roland, son propre père, rentrait par l'unique porte des murailles de la citadelle : celle donnant sur la ville en contrebas. Il était accompagné d'une suite d'une dizaines d'hommes et regardait droit devant lui : il ne remarqua pas Sirius perché sur son arbre. En revanche Sirius, lui, remarqua son père. Il se crispa et pria dans sa tête pour que celui ci ne le voit pas.

    La royale troupe passa à côté de l'arbre sans s'arrêter et traversa ainsi tout la première courtine jusqu'aux portes du palais, où la porte leur fut ouverte sans tarder par les gardes en faction.

    Sirius descendit de son arbre et passa par un passage derrière le château : pour faire en sorte que son père ne voit pas qu'il était sorti en son absence. Depuis la mort de sa mère, il n'y avait personne d'autre pour gouverner en l'absence de son père.

    Le prince se rendit à la salle du trône pour faire bonne mesure. Il entra sans vraiment d'émotion sur le visage.

    - Bonjour père...

    Le roi était en pleine discussion avec l'intendant du palais, il et ne tourna la tête vers son fils que lorsque le prince eut prit la parole.

    - Sirius... Où étais-tu passé ? Personne ne savait où te trouver. Ne me dis pas que tu es encore sortit en ville sans en parler à personne ?!

    - Non père...j'étais...dans...dans ma chambre... voilà tout.

    Bégaya le jeune prince sans vraiment savoir quoi inventer.

    - Hum...

    Le roi n'avait pas du tout l'air de le croire, mais un toussotement de son interlocuteur détourna son attention.

    - Nous règlerons cette affaire plus tard, ne penses pas t'en sortir à si bon compte, déclara-t-il simplement pour mettre fin à la conversation.

    -Oui...

    Il se tourna et marcha à grande vitesse vers la sortie.

    Il en avait marre de l'air de la citadelle. Il voulait sortir en ville. En le voyant passer, les gardes postés à l'entrée l'interpelèrent :

    - Halte ! Où allez-vous ainsi messire ?!

    Sirius soupira intérieurement et répondit :

    -En ville...

    - Je suis désolé, répondit l'un d'entre eux, mais votre père nous a donné pour consigne de ne pas vous laisser sortir seul.

    - Alors venez avec moi ! Lança-t'il , sur un ton faussement enjoué. Il comptait bien les semer dans la foule un fois en ville.

    - Nous n'avons pas le droit, messire. Nous sommes de garde aux porte de la citadelle.

    Sirius se retourna furieux. Il se dirigea vers un endroit ou personne ne pourrait le voir et commença à escalader les remparts...

    ***

     

    Sirius était sorti du château et se promenant dans la Grand'Rue , il repensa à la mort de sa mère. Depuis cet événement tragique son père n'était pas très très attentif et le laissait souvent de côté.

    Certain passants le regardaient de travers ou avec curiosité, mais aucun ne s'attarda plus sur lui. Il y avait foule ce jour là dans la Grand'Rue : c'était jour de marché, et, avec le retour du printemps, la bonne humeur se faisait ressentir dans la joyeuse activité de la ville. Le jeune félin sauta sur un muret et y resta assis. Il attendit que quelqu'un viennent lui parler.

    Il se passa quelque temps avant que cela n'arrive. Finalement, c'est un rat qui le héla :

    - Holà messire ! Vous voici bien haut perché ! Vous n'avez donc aucun devoir qui vous attende au donjon ?

    Le rodentien, en dépit des préjugés qu'on pouvait avoir pour ce peuple, était vêtus d'habits de belle coupe, et portait même une petite fleur en guise de broche qui brillait au soleil du matin comme une pierre précieuse.

    -Bonjour monsieur , a vrai dire , je ne devrai pas dire ça , mais... cela m’ennuie. Alors je me promène , ou je me pose pour réfléchir.

    Répondit le prince en le saluant.

    Le rat eut un petit sourire. Le manque d'intérêt du prince pour sa fonction était célèbre à la capitale, et il avait bien reconnu le jeune Sirius.

    - Si je puis me permettre, votre père n'appréciera guère.

    -Et , sans vouloir vous offenser,  je me fiche de son avis... 

    Lança Sirius inconsciemment. 

    Le rat secoua la tête, sans se départir de son sourire.

    - Pourtant, vous devriez y prêter plus d'attention. Mon but n'est pas de me montrer désagréable, vous vous en doutez bien. Mais allons ! Je ne suis pas mauvais bougre : je ne dirais rien au roi. Malgré ça, je suis à peu près certain qu'il sera au courant de votre escapade, vous ne vous cachez guère.

    Sirius ricana : 

    -Ah ! Ça oui qu'il le saura ! Mais ce ne serait pas la première fois.

     - Vous ne donnez donc pas la moindre importance à vos fonctions ? Que ferez vous le jour où vous monterez sur le trône ?

    Sirius n'avait pas réfléchi à ça.

    -Prions pour que ce jour n'arrive jamais.

    Au fond il savait que cela arriverai forcément à moins qu'il ne meure avant.

    - Pour ma part, je prierais plutôt pour qu'il arrive un jour. Pas tout de suite, mais dans un futur suffisamment lointain pour que vous y soyez préparé. Si votre père vous survivait...

    Le rat ne termina pas sa phrase. La suite était très explicite pour qui avait un minimum de jugeote : Si Sirius ne montait jamais sur le trône, c'est que son père lui aura survécu. Soit un quelconque maléfice serait à l'ouvrage, soit le jeune prince aurait été victime d'un coup du sort.

    - C'est ça , je vais prier pour que ce jour arrive dans assez longtemps, dit-il avec un sourire. Si je ne me fait pas assassiner avant.

    - Quelle idée, voyons ! Peut-être que si vous restiez dans la sécurité de la citadelle, il y aurait moins de risques tout de même.

    - Sauf que là-bas je me sens emprisonner... Confia le prince.

    - Emprisonné et en vie. Si vous connaissiez le nombre d'habitants prêts à tuer ne serait-ce que pour vos bottes dans les quartiers un peu moins fréquentables...

    Jugeant ces paroles un peu osées face au prince héritier, le rat ajouta moins durement :

    - ... Du moins si ils pouvaient être assez rapide pour attraper "Patte-Agile".

    - Humm , vous avez raison , mais je ne changerai pas d'avis. Répliqua Sirius.

    - Vous avez raison de vous méfier de la cour, mais il faut apprendre à faire confiance aux bonnes personnes. En tant que prince, vous devez être conseillés, mais pas par n'importe qui.

    Le rodentien élargit son sourire en penchant légèrement la tête sur le côté.

    -Vous pourrez me conseillez , puisque c'est vous qui me le proposer... 

    Dit-il sans but commun.

    - Je pourrais le faire avec plaisir, mon prince, tant que je serais à la capitale. Et j'y suis assez fréquemment ces derniers temps.

    Sans le montrer, le rat était ravi : c'était justement la réponse qu'il espérait.

    -Bien , je vous nomme conseiller du prince , alors... Je pense que mon père sera d'accord. Dit-il en regardant autour de lui.

    - Ce serait un honneur.

    Le rat fit une rapide et élégante courbette.

    - J'en informerai mon père se soir , quand je rentrerais... Et demain je reviendrai ici vous donner sa réponse. Dit-il , en se levant.

    - Inutile messire : je bénéficie déjà de l'hospitalité de votre père, avec d'agréables appartements dans votre citadelle.

    -Oh , parfait... Répondit Sirius.

    - Que diriez-vous de rentrer à la citadelle ? A moins que vous n'ayez en tête de rester encore quelques temps en ville ?

    Comme si il avait eu un "flash" , le jeune prince lança à l'attention de Mercurio :

    - Je devrais rentrer... Avant que mon père ne se rende compte que je suis parti , ce qui est peu probable. Où devrais-je dire NOUS devrons rentrer.

    - Bonne initiative mon prince. Un bon début pour votre vie de futur roi.

    Après un bref regard pour ce qui l'entourait (par réflexe plus que par nécessité), le rat se tourna vers le nord : la longue et pratiquement rectiligne avenue principale s'y étendait, surplombée par l'imposante citadelle. Sirius se leva et parti en direction de sa "maison". Il savait que son père savait qu'il était parti, mais il s'en fichait pas mal : il avait la mauvaise habitude de sortir quand il voulait sans prévenir et son père le savait, tant qu'il ne le faisait pas suivre, tout ira pour le mieux...


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  • Hadrian frottait vigoureusement le fond de son petit chaudron. Il attendit que Sylta se soit installée à côté de lui pour commencer à parler :

    "T'es-tu déjà occupé d'animaux comme les chevaux ?"

    "Non, jamais" répondit-elle en continuant à frotter. "Nous n'étions pas des voyageurs, on avait pas de raison d'avoir un cheval. Surtout en pleine ville

    - Dans ce cas, je vais t'apprendre cet après-midi. Il est temps que tu fasses un peu mieux connaissance avec Cendre."

    Cette fois, elle afficha un grand sourire en lançant un regard derrière elle, vers le pré de cendre. C'était une très bonne nouvelle et cette perspective lui convenait amplement. 

    "Génial !

    - Mais d'abord, la tempéra-t-il, nous allons commencer par mettre à sécher notre vaisselle dans la chaumière."

    Elle reposa le regard sur l'assiette, qu'elle avait oublié de continuer à frotter. 

    "Évidement" 

    Elle fini donc rapidement et le suivit pour aller la faire sécher. Comme annoncé, il plaça le chaudron devant le feu, à l'envers pour qu'il puisse s'y égoutter, et attendit que Sylta ait fait de même avec ses assiettes.

    La jeune hermine l'imita, professionnelle de l'imitation depuis petite, puis se tourna vers lui, le sourire revenu.

    Il voyait bien que l'enthousiasme de son élève était remonté en flèche à l'évocation de Cendre. Elle était encore bien bouillante... Mais elle allait apprendre, elle avait le temps.

    "Allons, suis-moi. Nous allons la rejoindre dans son prés."

    Et il sortit à nouveau en lui faisant un petit signe de la main. Pas évident de passer de la vie de solitude à celle d'un maître de tout les instants.

    Cette fois, elle y croyait. Et encore, elle avait le doute de devoir nettoyer sa stalle mais... Elle y croyait. 

    Elle le suivit donc dehors, tout sourire.

    Il la guida à l'arrière de la maison, du côté où donnait la fenêtre de sa chambre. Cendre vint gaiement à leur rencontre dans un petit trot sans précipitation.

    C'était une ponette de Naerthena, cette race sélectionnée pour sa robustesse et... sa petitesse plus appropriée aux pattes courtes des mustins. Chez elle, ses longs poils gris lui donnait un air encore plus "bouboule" que la moyenne, mais ne lui enlevaient rien de sa vivacité apparente.

    Sylta souriait toujours. Elle était vraiment trop mimi cette petite ponette, mais elle avait cru comprendre qu'elle pouvait en être tout aussi têtue. 

    Alors attendant une nouvelle fois que la suite vienne, la jeune apprentie s'approcha de la barrière pour tendre la main vers le museau de l'animal afin de le caresser. 

    Cendre tendit le museau avec curiosité pour renifler la main tendu. Hadrian en profita pour ouvrir la barrière et fit signe à Sylta de le suivre.

    " Cette ponette est tout aussi curieuse qu'elle est gourmande. Elle doit espérer une pomme de ta part telle que je la connais. Elle dois se figurer qu'avec sa bouille poilue elle peut mendier auprès de tout les nouveaux venus... "

    La petite le suivit en rigolant : 

    "En même temps quand on est mimi comme ça... " Elle rentra un peu plus timidement.

    Il la guida vers l'arrière du prés, où la ponette avec une sorte de stalle qui ressemblait plus au final à une cabane en bois. Dans la partie arrière, inaccessible pour elle, se trouvait une selle et une bride, ainsi que quelques brosses et autres objet nécessaires au pansage d'un cheval.

    "Le foin est plus loin, expliqua-t-il, pour ne pas la tenter. C'est qu'elle est maligne la bougresse, et elle serait capable de trouver un moyen de sortir si elle l'avait sous le museau à longueur de journée."

    Sylta le suivit encore et sourit en hochant la tête : 

    " En même  temps...  C'est comme avoir un fruit cher devant nous sans pouvoir le prendre.  C'est... (Elle chercha le mot qui convenait.  Trop peu habituée a bien parlé)  Frustrant." Dit-elle enfin,  espérant que ce soit le bon mot

    " Oui, on peut le dire."

    Il prit au sol un sac de toile dans lequel il fourra le nécessaire de pansage, puis il le lui tendit.

    "Il est temps que tu ais tes premiers contacts équins. Tu en auras besoin pour la suite. Attend-moi près de Cendre, je vais lui chercher de l'eau."

    Il désigna au passage le seau qui attendait près de l'entrée du cabanon. Sylta hocha sa petite frimousse avant de se diriger vers cendre et attendre vers la ponette. Elle la regardait avec amusement et essayait parfois de lui caresser le chanfrein quand Cendre lui présentait sa tête.

    La ponette était curieuse, et pas brusque pour un sou. Elle renifla Sylta (surtout vers ses poches) et se laissa caresser sans broncher.

    Le rôdeur ne tarda pas à revenir avec son seau plein. Il s'avança jusqu'à l'hermine et la ponette et déposa l'eau.

    Cendre renifla vaguement la surface mais n'y toucha pas, préférant apparemment mettre son nez dans le sac des brosses (dans l'espoir d'y trouver quelque chose à se mettre sous la dent). Hadrian récupéra les brosses d'un coup sec, stoppant l'exploration de la ponette. Il en sortit une, assez rêche, et la tendit à Sylta.

    "Elle t'a déjà bien vue venir, tu peux commencer à t'occuper d'elle. Avec cette brosse, commence par faire des cercles pour bien soulever ses poils."

    L'hermine prit la brosse et commença à frotter le corps de l'animal de la façon expliqué. Sa timidité disparu enfin. Elle se senti bien de pouvoir ainsi toucher sans crainte les poils tout doux de Cendre. Elle sourit. Sa main passa sur l'encolure, sous la grosse crinière touffue de la ponette, c'était tout chaud et très agréable.

    " On à envie de s'y pelotonner" s'amusa t-elle en grattant toujours soigneusement et avec attention.

    Hadrian hocha la tête en silence. Pendant que Sylta s'occupait de la ponette, il partit chercher du foin dans la cabane : il n'avait pas l'air de se faire le moindre soucis sur les réactions de Cendre, même en cas d'erreur de sa nouvelle apprentie. D'ailleurs, il voyait mal comment quelqu'un pourrait faire une erreur en brossant cette boule de poil. Même sa tête ne craignait pas grand chose, alors les pattes... !

    Il revint donc peu de temps après avec le foin, et Cendre trottina gaiement vers lui : tant qu'il y a de la nourriture, il n'y a pas à hésiter !

    Sylta le vit partir et continua sur la croupe. Une fois, ces parents l'avaient stoppé un jour où elle allait passer en courant derrière un cheval de noble. Puis, ils lui avaient expliqué que les postérieurs pouvaient vite partie. Elle se méfiait donc un peu plus en lui brossant cette partie là. 

    Puis, Hadrian revint et la ponette couru à lui. 

    " Hé, Cendre ! Je m'occupais de toi là tu sais !" Pesta t-elle contre la jument en faisant sortir peut-être un autre trait de caractère que sa timidité. 

    La ponette ne paru pas se sentir concerner par l'éclat d'humeur de Sylta : elle fourra son museau dans le foin odorant et commença à manger avec enthousiasme.

    Le rôdeur fit un petit hochement de tête en direction de l'hermine :

    " Tu te débrouille bien pour une première approche. Bien sûr, Cendre est du genre sympa, plus têtue que réellement dangereuse, mais d'après ce que j'ai pu observer tu as les bons réflexes."

    Elle posa le regard sur son mentor. 

    " Merci ! "

    Elle sourit de toute ses dents avant de s'approcher à nouveau de la ponette pour la grattouiller comme il lui avait indiqué.

    "... En tout cas pour une première fois." ajouta-t-il tout de même. "Heureusement que tu auras au moins cinq ans d'apprentissage derrière ça.

    - Heu... Oui je m'en doute."Répondit-elle bien moins sûrement.

    Dire qu'elle prenait seulement un tout petit peu d'assurance pour oser lui parler moins timidement. Mais ça allait venir sans soucis.

    "Continue de la brosser pendant que je vais chercher de la paille. Ensuite, nous nous occuperons de nettoyer sa cabane."

    Il commençait déjà à s'éloigner. Cendre, quand à elle, mangeait toujours avec enthousiasme en tournant parfois la tête vers Sylta d'un air curieux.

    La jeune Hermine continuait sagement. Elle se sentait bien avec la ponette. Toute gentille, sa curiosité faisait plaisir à Sylta.

    Le rôdeur revint rapidement avec le ballot de paille promit entre les pattes. Il fit signe à l'hermine de le rejoindre à la cabane et lui désigna la fourche posée le long de la barrière, à l'extérieur de l'enclos.

    Elle comprit vite que cette corvée pouvait rapidement se répéter... Tous les jours ? T'en pis... Au moins elle était ici, avec la ponette. Car en réalité elle avait adoré lui passer le coup de brosse. 

    Elle saisit donc la fourche et se dirigea d'un pas rapide, semi trottinant vers lui. Pendant que Sylta donnait des coups de fourche dans la paille, Hadrian l'observait. Il n'y avait qu'un seul outil pour deux de toute façon, et il n'allait pas mettre de la paille fraiche avant que l'ancienne ne soit retirée...

    Elle planta la fourche dedans, assez fort pour aller le plus loin possible et espérer en prendre le plus possible. 

    " Je la mets où ? demanda t-elle en soulevant avec difficulté son chargement tellement ses muscles étaient... très entraîné... sans ironie (ou pas)  

    - Là, à côté, fais un tas... On déplacera tout ça hors de l'enclos après. Si Cendre n'a pas tout éparpillé entre-temps."

    La possibilité de tout recommencer lui déplaisait fortement mais elle s'exécuta sans poser trop de questions et se déplaça vers le point designer, par petit pas, le dos courbé en arrière pour aider ses pauvres bras à soulever la paille imbibé des... Sujets indésirables qui peuplaient autrefois la ponette.

    "Plie les genoux au lieu du dos, conseilla-t-il. Tu auras plus de forces et moins mal."

    Il était accoudé à la barrière et la regardait faire sans broncher.

    Elle rectifia sa position et trouva en effet un meilleur appui afin de soulever plus convenablement.

    Elle fit au moins 8 aller-retours ainsi avant de poser la fourche.

    "Voila ! Dit donc si faut faire ça tous les jours je vais avoir plus de force qu'un cheval. Fit-elle pour rigoler. "

    "Tant mieux, répondit-il le plus sérieusement du monde. Un rôdeur doit maintenir une bonne forme physique en toute période de l'année."

    Il ajouta tout de même :

    " ... Mais tu n'auras pas besoin de faire ça tout les jours. Le pré est grand et la cabane ne se salit si vite que ça.

    - Ouf, fit-elle avec moins d'enthousiasme. Bon, et maintenant ?

    - Maintenant, tu dégages ta paille souillée en la mettant hors de l'enclos. Tu devrais trouver facilement le tas des précédents lavage : il n'est pas très loin et assez... volumineux. Il peut servir pour fertiliser les terres pour mes plans de sauge, de menthe et de bergamote."

    Elle hocha la tête avant de reprendre une pelletée et y aller. Pourquoi ne lui avait-il pas fait faire ça tout de suite en même temps que d'attrouper le tout ? C'était ainsi et quand elle sera plus indépendante ici, elle le fera sûrement. En attendant, la revoilà partie pour plusieurs allées retours. 

    Il l’observait toujours. Normalement, la paille était plus aérée, et donc plus facile à piquer et déplacer. Le plus gros du travail était fait. Il tourna la tête vers Cendre et remua les moustaches : la ponette mangeait toujours et ne se souciait toujours pas de ce que pouvait trafiquer la petite hermine dans sa cabane.

    Après quelques allés retours plus simple que les premiers, Sulta revint, satisfaite, et le regarda pour voir ce qu'il fallait faire après.

    "Voilà qui est mieux. Maintenant il faut remettre de la paille fraîche. Ça tombe bien : je t'en ais apporté, tu as juste à l'étaler."

    Elle sourit, voilà qui paraissait plus amusant. Mais son amusement possible devra être reporté à plus tard car Hadrian allait sûrement la reprendre. 

    Elle prit donc sagement la pioche pour taper dans le tas et commencer à déposer des paquets de paille propre à certains endroits. Le rôdeur de manqua pas de la reprendre :

    "N'oublie pas d'étaler correctement ta paille de façon équitable dans toute la cabane.

    - D'accord..."

    Elle donna quelques coups de pioches pour éparpiller ses paquets et rectifia plus soigneusement après.

    Hadrian attendit qu'elle ait fini. Lorsque ce fut fait, il s'approcha pour inspecter le travail.

    "Pas mal... Du moins ça ira pour une cliente aussi peut regardante que Cendre. Avec le temps tu prendras le coup de patte."

    Il leva la tête. On pouvait deviner le soleil à travers la frondaisons, déclinant vers l'ouest.

    "A ton avis, combien reste-t-il de temps avant que la nuit ne tombe ?"

    Alors là, il lui posa une colle. Sylta n'avait jamais vraiment eut le temps dans la tête et s'était retrouvé plus d'une fois toute seule dans les ruelles car elle avait cru avoir le temps de... Mais au final non. En toute franchise, elle répondit donc. 

    "Je ne sais pas."

    Pourtant, elle avait essayé et fixait les arbres vers le soleil mais toutes les possibilités lui paraissait fausses.

    Il se mit à ses côtés et lui désigna l'astre du jour.

    "Regarde. Nous somme au début du printemps, les journées sont encore courtes. Une petite douzaine d'heures environs. Nous sommes aussi l'après-midi, le soleil est donc tourné vers l'ouest... Il ne reste plus qu'à observer la distance entre lui et l'horizon pour estimer le temps restant avant qu'il ne se couche. C'est un coup d’œil à prendre, tu t'y feras... Avec le temps. Actuellement, je dirais qu'il nous reste environ deux heures de jour.

    -Oh dit donc ! s'émerveilla t-elle de son savoir. Et du coup on fait quoi ? enchaîna Sylta avec envie. 

    - On prend en compte sa trajectoire, on fractionne le ciel et on regarde où se trouve le soleil sur cette ligne. Tu verras : avec le temps, ça deviendra un jeu d'enfant.

    - C'est génial ! Moi qui n'ai jamais eu le temps en tête. 

    - Pour un rôdeur, c'est très important de pouvoir se donner une notion du moment de la journée où il se trouve. Pas tellement lorsque nous sommes à la chaumière dans des périodes tranquilles, mais lorsqu'on est sur une mission... cela peu parfois s'avérer très utile. Et ne te méprend pas : il n'y a rien de sorcier ni de fantastique. De nombreux voyageurs sont capables de faire de même."

    Ses paroles la firent soudain rêver puis il la ramenèrent une nouvelle fois les pieds sur terre. Cette manie qu'il avait commençait à l'énerver... Mais ça allait passer avec le temps. 

    "C'est logique, en effet mais pouvoir en déterminer les heures restantes, c'est quelque chose que je n'ai jamais réussi à faire. Alors c'est fantastique. "

    Elle marqua une pause et le regarda avant de détourner rapidement la tête vers la forêt

    "Mais je vais y arriver avec l'habitude.  "

    Pour son premier jour, elle ne voulait pas commettre de faute et elle avait l'impression de régresser avant même d'avoir commencer son apprentissage si elle ne savait pas faire quelque chose qu'il appelait ça "simple"  

    "C'est bien ce que je te disais."

    Il ne lui épargnait rien. D'un signe de patte, il lui indiqua de le suivre.

    " Puisqu'il nous reste du temps, nous allons faire chauffer de l'eau pour le bain de ce soir. J'ai des seaux et un bac dans la chaumière."

    Ils allèrent donc chercher les seaux en question, et le rôdeur la guida jusqu'à un trou d'eau dans la rivière pour les y remplir. Le courant n'y était pas très fort, ce qui n'empêchait pas l'eau d'être extrêmement fraiche : le torrent venait de la montagne et était alimenté par la fonte des neige au printemps. Sylta fit de même avec son seau désigné et le suivit. Elle ne pensait plus vraiment à rien et ne souriait plus. Hadrian lui faisait penser au vieux castor du quartier grincheux.

    "Encore un voyage et on aura assez d'eau. On versera tout ça dans le chaudron au dessus du feu. Mais je suppose que tu avais compris de toute façon."

    Elle le suivait toujours sans un mot et imitait simplement ses gestes.

    The Enchanted Storybook

    Hadrian entra pour la troisième et dernière fois dans la cabane avec ses seaux chargés d'eau, suivit de Sylta. Il versa le tout dans le chaudron préalablement installé au dessus de feu, et reposa les seaux à côté.

    "Plus qu'à attendre, fit-il avec une certaine satisfaction. Pour passer le temps, on va mettre quelques choses au point... Sais-tu lire pour commencer ?"

    Sylta l'imita avant de se reculer de quelques pas. 

    "Très peu... Je déchiffre vraiment avec beaucoup de difficulté., répondit-elle en toute franchise."

    Son père lui avait vaguement apprit mais lui non plus n'était pas un grand lecteur. 

    "C'est déjà bien. Je m'attendais à pire pour tout dire. Il est si rare de trouver des gens alphabétisés dans ce pays de fous... Enfin, tu ne m'a pas encore dit grand chose sur ta vie. C'est le moment ou jamais, en attendant que notre eau chauffe."

    Elle réfléchi un petit coup. 

    "Hé bien.. mes parents n'ont jamais été riche. On était... Entre la pauvreté et la riche. On se debrouillait quoi. Ma mère était couturière et mon père sculpteur. Il a essayé de m'apprendre à lire pour le peu qu'il savait aussi. Je les aidait souvent dans leurs métiers. c'est tout. Ah si.. j'avais un ami, mon meilleur. Il est encore vivant d'ailleurs, je lui ai dit au revoir hier."

    Elle fit un petit sourire triste mais on vit un éclat de chaleur dans ses yeux. Il était toujours très compréhensible et avait réussi à faire passer cette séparation avec son amie de la plus petite enfance dans la joie d'une nouvelle vie et de belles promesses 

    Le rôdeur laissa quelques secondes de silence. Enfin, avant que l'attente ne devienne pesante, il prit la parole à son tour :

    "Tu le reverra ton ami. Je te l'ai déjà dit : un rôdeur doit rester secret et solitaire, mais il a droit à une vie privée. Bladr n'est pas loin, et tu auras des occasions d'y retourner. La prochaine sera sans doute la fête des bourgeons...

    - C'est vrai ?!"

    Un grand sourire se dessina sur son visage. Elle pourrait le revoir ? Pendant les fêtes, c'était génial ! 

    Elle s'attendit à ce que Hadrian tempère une nouvelle fois sa joie avec cette force qui la rendait morne. Mais il ne pouvait pas l'étreindre cette fois, rien que de penser qu'elle pourrait revoir les personnes qu'elle connaissait la rendait plus qu'heureuse. 

    Mais contre toute attente, il n'ajouta rien cette fois-ci pour ternir sa joi... Par contre, il ré-orienta la discussion sur ce qui l'intéressait.

    " A partir d'aujourd'hui, il va falloir que tu t'entraîne à lire le plus possible. Tu ne devras plus avoir la moindre difficulté pour décrypter les messages écrits ni à rédiger toi-même des texte. Je serais là pour t'aider... et te surveiller.

    -D'accord. Je vais travailler ça. Répondit-elle redevenue sérieuse mais sa joie ne s'étaient toujours pas éteinte."

    Il trempa sa patte dans le chaudron.

    "On s'y mettra plus tard, l'eau est suffisamment chaude. Le but n'est tout de même pas de se faire cuire..."

    Il souleva alors avec difficulté le lourd récipient de cuivre hors du feu et le repos au sol. Sylta se demanda ce qu'elle devait faire et resta donc à sa placer, sans bouger un poil. Seuls ses yeux le suivaient.

    "Ça s'rait trop demandé d'avoir un peu d'aide ?" grogna-t-il en soulevant à nouveau de chaudron remplit d'eau.

    Elle réagit alors et s'approcha pour l'aider comme elle pouvait. Il la dirigea vers le fond de la chaumière, dans un recoin séparé par une simple cloison de bois. Un simple bac en bois y faisait office de baignoire, et il y versa l'eau encore fumante avec l'aide de Sylta. La petite hermine l'aida puis attendit la suite. 

    "Tu as quartier libre le temps que je me lave. Mais ne part pas trop loin : je ne serais pas long.

    - D'accord, fit-elle avec un nouveau sourire avant de se détourner pour rentrer dans sa nouvelle chambre et de fermer sagement la porte derrière elle.

    Elle s'assit sur son nouveau lit et détailla sa chambre. 

    " Il va falloir que je la mette un peu plus à mon goût pour m'y sentir comme chez moi." Se dit-elle avant de déballer un peu ses affaires de son sac.

    Peu de temps après, son mentor se présenta à sa porte et déclara simplement à travers le linteau :

    "La place est libre !"

    Sylta bondit sur ses pieds. Elle ne l'avait pas entendu arrivé, ni même finir et fixa la porte. 

    " D'accord !"

    Elle fouilla donc dans son sac afin d'en sortir une autre tunique kaki et sorti. 

    Elle le regarda avant de se diriger vers le bain. La couleur de l'eau ne lui donnait guère envie d'y plonger. Vivement les beaux temps. Songea la petite hermine en espérant pouvoir se nettoyer dans le ruisseau plutôt que dans l'eau déjà sale d'Hadrian. 

    Chez elle, c'était toujours la première a passé dans le bain. Ça faisait juste bizarre. 

    Elle vérifia qu'Hadrian n'était plus là du tout et retira ses vêtements pour y plonger. 

    Son pelage était encore un peu blanc mais on voyait les poils bruns prendre peu à peu la place pour lui donner sa couleur d'été. Enfaite, sa tête était redevenue brune, son cou aussi. Il manquait plus que le dos et la queue. Même si son bout de queue restait noire toute l'année. Le ventre, lui, ne se posait pas de question : il était blanc toute l'année. 

    Sylta se frottant donc, assise dans la bassine pour retirer les poils morts le plus possible, les possibles puces ou les bous de peaux mortes. 

    Puis, elle ressortie. La bassine était encore plus sale maintenant. Étrangement, elle se secoua comme un chien sorti de l'eau pour faire gicler le plus gros des gouttes sur elle. Depuis toute petite, elle avait cette manie de se secouer. La tunique fut rapidement enfilée et elle sortie, la tête encore mouillé. Une petite goutte perlait encore sur sa moustache. 

    Hadrian faisait repartir le feu qui était retourné à l'état de braises pendant l'après-midi, surtout le temps du bain. Il la regarda venir avec amusement : des poils collés sur une loutre, ça passe, mais sur une hermine ça fait étrange. Alors cette tête de poupée du diable, avec les poils hérissés par le "séchage" de Sylta... Même le vieux rôdeur taciturne ne pouvait s'empêcher de sourire devant cette vision.

    " Il faudrait du bois supplémentaire pour le feu. Il y en a dehors, sous la charpente, à droite de la porte quand tu sors."

    Il n'allait tout de même pas la laisser s'en sortir à si bon compte pour une première journée !

    Elle hocha la tête. 

    "D'accord j'y vais. "

    Et elle sortit toute contente.

    L'air de dehors était trop frais par rapport à ce qu'elle s'imaginait. En plus, elle était mouillée... Ses poils se hérissèrent pour essayer de faire une petite boule chaude en plus de sa tunique mais avec l'eau, ce n'était pas des plus faciles. Elle se dépêcha alors de prendre quelques rondins de bois et rentra en fermant la porte derrière elle avec sa queue. Une autre manie qu'elle avait de s'en servir avec facilité, sans faire attention. 

    Pendant ce temps, le rôdeur avait réussit à faire repartir de petites flammes à l'aide des cendres, qui s'attaquaient férocement à l'écorce utilisée pour les raviver.

    Il prit les bûches unes à unes des pattes de son élève et les enfourna dans le feu. Les flammes s'en donnèrent à cœur joie et grimpèrent le long du bois sec, doublant de taille par la même occasion.

    Satisfait, Hadrian recula en se frottant les pattes pour faire partir la poussière de bois.

    "Voilà qui est fait. On aura notre feu pour la nuit."

    Elle resta le regard fixé sur les flammes. Comme hypnotisée. 

    "C'est beau." fit-elle pour lui répondre même si il n'y avait pas un grand rapport avec le bien fait de la nuit au chaud. Elle s'assit calmement, devant, profitant de la chaleur pour se sécher. 

    Il la laissa faire. Après qu'elle ait lavé, récuré, brossé, changé la paille, porté... Elle avait bien le droit de se reposer maintenant que la nuit tombait.

    En plus, il avait une lettre à rédiger à l'attention du Maître de la guilde. Sans un mot, donc, il repartit vers sa chambre en laissant Sylta devant le feu.

    Elle resta encore quelques temps à observer le feu. Et quelques fois par la fenetre avant de se lever très tranquillement et rentrer dans sa chambre. Où il faisait nettement plus froid mais elle essaya de ne pas en tenir compte et elle se glissa sous ses couvertures. Bien fatiguée de sa journée riche en émotion. 

    Elle resta quelques temps très pensive à observer la lune se lever peu a peu au dessus de la cime des arbres. Les étoiles aussi.... Puis, elle sombra doucement dans le sommeil. Ses yeux se fermèrent, ses muscles se décontractèrent. Le crépitement de la cheminée dans la salle d’à côté la berçait.


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  • Le soleil s'élevait à nouveau dans le ciel, réchauffant les dalles de pierres et les remparts protecteur. La place du marché s'activait à nouveau, les marchants ambulants commençaient peu à peu à passer dans les allées, ceux de stands ordonnaient à nouveau leurs marchandises. Ses senteurs des aliments et des fleurs se mélangeaient à la fraicheur matinale. Les musiciens de rues accordaient leurs instruments et commençaient à chantonner chacun de leur côté avant de commencer leur musique qui ambiançait la rue.

    Sungi marchait paisiblement, déambulait de stand en stand. C'était son quotidien de venir ici, chaque matin, acheter les fruits frais pour le petit déjeuné de ses parents. 

    - Bonjour, je pourrais t'acheter ces fraises ? Demanda t-elle en souriant à un jeune marchand. Il avait sa propre plantation à côté de la ville et vivait dans sa petite chaumière à côté. Les deux discutaient quelques fois ensemble. 

    - Bien sûr. (il se mit à la tâche et choisi les plus belles) Tu es allé courir dans les bois aujourd'hui ?

    - Oui, comment le sais-tu ? 

    Il fit remuer son nez de chien de chasse pour montrer qu'il avait senti son ancienne transpiration. Un peu gênée, elle sourit en se reniflant mais ne sentit rien en particulier. 

    - Pourquoi fais-tu ça ? 

    - Je t'ai déjà dis, ça me fais du bien. Je me dépense comme ça. 

    Il hocha la tête et lui donna un petit sac tissé de fines herbes avec ses fraises à l'intérieur. En échange, elle lui donna deux pièces de cuivres. 

    - Je n'en demande qu'une ! contra t-il. 

    - Garde donc, tu dois en avoir plus besoin de moi. 

    En effet, il n'était pas bien riche et avoir une pièce de cuivre était déjà très bien pour lui. Mais alors deux, c'était très gros. 

    En faisant son métier, elle gagnait moyennement 20 pièces de cuivre pour un voyage moyen. Les grand voyages pouvaient monter à 40 pièces et les petits pouvaient descendre à 10 pièces. Aujourd'hui, elle espérait devoir aller dans une autre ville… Enfin, elle repartit en lui souhaitant bonne chance et se remit à marcher.

    Un peu plus loin dans le marché, du côté qui touchait la rue des écaille, de nombreux préparatifs étaient en cour. Une dizaines de félins et canins, toutes espèces confondues, s'escrimaient à accrocher des lanternes, des gerbes de fleurs en tissus et autres décorations printanières qui devaient donner un air de fête à la rue. Quelques badauds curieux s'arrêtaient pour les observer, et reprenaient leur route la mine réjouie : ça sentait la saison nouvelle. Sungi ne s'y arrêta pas vraiment. Elle y jeta un coup d'œil mais fit plus attention aux espèces confondues plutôt qu'aux décorations. Comment ces chiens pouvaient accepter de travailler avec ces félins trop fière d'eux et de leur souplesses…? Elle baissa le regard. Arrête… Tous les minous ne sont pas comme ça… se rappela t-elle. C'était presque devenu une peur : qu'aucun félin ne lui parle et tout allait très bien se passer… Enfin… Elle décida de se concentrer un peu plus sur ce qui était mit en place et se réjouit de voir les fleurs et les lanternes. Cette soirée, les rues allaient apparemment être agréablement illuminées. Elle se promit de faire un tour si elle le pouvait. La jeune Lycaon reprit son chemin, sans perdre sa bonne humeur.

    Soudain, dans la foules compacte du marché, un cri de protestation s'éleva :

    - Au voleur ! Au voleur ! Arrêtez-le !

    C'était un gros chien aux bajoues pendantes qui avait crié, vêtu à la manière des bourgeois. Il tourna la tête d'un côté à l'autre de la place, à la recherche de son agresseur.

    - Lui, là bas ! Avec la queue rayée !

    L'individu désigné n'attendit pas qu'on le dévisage pour réagir et disparaitre au coin de la rue.

    Voilà qui ne pouvait pas étonner les passants. Les vols étaient courant pour ceux qui ne faisaient pas assez attention. Déjà, deux chiens s'étaient mit à courser le malfaisant mais il s'avèrait que le tigre les semait déjà, caché dans la foule. Il se dirigeait droit vers la sortie du marché, là où était Sungi. Seulement, cette queue rayée tout le monde la connaissait. Il s'agissait probablement d'un...tigre. Il arrivait toujours en courant, bousculant des passants. Au vu de sa trajectoire, il était fort probable qu'il passe à côté d'elle. Panique. S'enfuir ? Et ce pauvre chien qui hélait désespérément pour qu'on arrête le voleur ? Puis, un coup de vent, le tigre passait à côté d'elle. La Lycaon ne réfléchit plus, elle tendit sa patte pour l'emmêlée dans celle du malfaiteur. Pour être sur de le faire tomber, ou du moins de vraiment le déséquilibré, elle le bouscula de toute ses forces. 

    Le voleur ne s'attendait forcément pas qu'une petite bourgeoise réagisse et eut juste le temps de faire une mine surprise quand sa jambe ne put passer au devant de l'autre, heurtant celle de la lycaon, et enfin, alors qu'il sautait pour essayer de s'en défaire, il fut poussé. Perdant pied, il se rattrapa juste à la dernière seconde pour repartir. Mais les deux chiens, un berger Allemand et l'autre un Schnauzer noir et grand, eurent vite faire de le rattraper et de l'immobiliser au sol. 

    Sungi resta tétanisée à les regarder sans comprendre ce qu'elle venait de faire… 

    Le grand félin était étendu à plat ventre sur les pavé de la place. Plutôt maigre, son pelage rayé rongé par la gale ou autre parasite sur la poitrine et la joue, ses vêtements élimés... et aucun doute sur la breloque brillante qu'il serrait entre ses pattes.

    Il leva un regard affolé autour de lui, suppliant du regard les passants, sans résultat. Le chien bourgeois arriva à sa hauteur et remercia chaudement les deux héros de la matinée. En guise de gratitude, il leur glissa même quelques écus avant de récupérer son bien des pattes du voleur.

    - Que quelqu'un appelle la garde... on ne peut pas laisser ce malfaiteur en liberté !

    - Ou un soigneur ! reprit Sungi en regardant l'état de la pauvre bête. 

    Voler, d'accord, c'est mal. Mais combien de fois a-t-elle put voir des mains coupés pour des vols de basses envergures. Une fois, elle avait eut l'occasion d'interroger un prisonnier. Lui demandant pourquoi l'avait-il fait, celui-ci lui avait tristement répondu, tête basse, qu'il avait une jeune fille qui vivait dans la même misère que lui. Et qu'il avait besoin de cet argent pour lui acheter de quoi se couvrir. Au moins une petite cape car il avait fait affreusement froid, cet hiver dernier.

    Le gros bourgeois tourna la tête vers elle. Avec la distance et la foule, il n'avait pas pu voir le croche-pied effectué par Sungi pour stopper le voleur et pensait que seuls les deux chiens avaient réussit à le plaquer grâce à leur adresse.

    - Mademoiselle, je vous prie de rester en dehors de cela si c'est pour dire des absurdités pareilles. Il est clair que ce brigand n'a rien pour payer un soigneur, et ce n'est surement pas moi qui le ferait. Il a tenté de me dérober le dernier souvenir de mon père, vous imaginez ?!

    Il lui mit brusquement sous le museau l'espèce de pendentif qu'il avait récupéré, avec une sorte de clapet plaqué or qui contenait probablement un petit portrait, à la mode des nouveaux peintres.

    Sungi fronça l'arcade sourcilière et eut un retroussement de babine. "Il va baisser d'un ton ce gros bourge mal lavé ?" se retint-elle de rétorquer. Mais elle décida de rester de marbre, ou du moins le plus possible. Qui plus est que ce pendentif agité sous son nez l'irritait un peu plus. Elle le repoussa d'un geste nerveux et reprit.

    - Si je ne m'en serais pas mêlé, ce minou poisseux n'aurait pas été freiné dans sa course. Et si vous étiez un peu moins bourge égoïste, vous chercheriez d'abord à comprendre pourquoi est-ce qu'il volait avant de vouloir l'emmener se faire couper la main. Les souvenirs, vous les avez dans votre tête, et non pas dans ce pendentif.

    Elle voyait bien qu'il n'était pas apte à l'écouter pour le moment, trop énervé pour un petit vol mais, même si elle n'aimait pas les félins, elle ne comprenait pas qu'un chien puisse être aussi égoïste au point de l'envoyer se faire punir trop sévèrement pour ce que c'était. De plus que, ce qu'elle en savait, peut de voleur cessaient après une telle punition.

    Elle coupa toutes réplique de celui-ci et continua en captant à nouveau son attention.

    - Monsieur, écoutez moi donc ! Je vais juste vous demander de vous imaginer pauvre, galleux, vivant dans les rues les plus nauséabondes de la ville. Jusque là, d'accord. Seulement, vous avez un chiot avec vous. Tout aussi souffrant, dont la faim grignote son âme petit à petit jusqu'à le tuer. Allez vous rester les pattes croisées à le regarder mourir ? Et pour vous, allez-vous vous allonger bien tranquillement dans un coin de cette rue et regarder les passants jusqu'à ce que vous fermiez les yeux à jamais ? Ne me ditent pas que ce que je vous dit est idiot, j'ai connu un chien qui vivait cette horreur pendant que bourgeois et nobles roupiaient bien tranquillement sur leur fauteuils. 

    Elle marqua une nouvelle pause et se détendit un quelque peu puis reprit 

    - Alors oui, il est normal que vous ne vouliez pas payer ce voleur, c'est normal que vous lui en vouliez pour son geste. Mais à votre place, j'appellerai quand même un médecin. Après, adviendra ce qu'il adviendra. Peut-être celui-ci refusera de le soigner peut-être pas, mais ça ne sera plus votre affaire. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'est autre qu'un simple petit voleur qui n'a rien trouvé de mieux à faire que vous dérober votre… souvenir… mais vous l'avez récupéré, t'en mieux. Passez votre chemin. 

    Elle avait horreur de ce genre de personne. Il allait vite l'énervé, autant qu'elle s'en aille maintenant. Elle se redressa donc et sans même lui laisser une nouvelle fois le temps de placer un pauvre mot, elle fronça à nouveau de l'arcade sourcilière 

    - Enfin, je ne vois pas pourquoi je perds mon temps avec vous. Vous ne valez apparemment pas plus que lui. Voler une main pour une tentative de petit vol. Ce n'est pas équitable. Et je vous remercie, vous m'avez également donné une bonne leçon : aider les riches est une perte de temps, et pourtant comme vous le voyez, je réside probablement dans le même quartier que vous. 

    Sur ce, elle tourna les tallons avec ses fruits et s'en alla, queue haute.

    Tout au long de sa tirade, on pouvait voir les poils du chien se hérisser. Il bafouilla quelques paroles, sans doute plus touché que ce qu'il voulait le laisser voir, et rétorqua enfin avec une feinte dignité (plus ridicule qu'autre chose) :

    - Mademoiselle, restez polie. Je juge sur les faits que je connais, moi. Pas sur un conte sorti d'on ne sait où et qui... mademoiselle ?

    Elle s'était déjà éloignée, le laissant seul au milieu de la foule, avec le voleur et les deux chiens. Ces derniers, d'ailleurs, ne le laissèrent pas prendre lui-même sa décision : l'un d'eux relevait plutôt brusquement le félin tandis que l'autre s'éloignait pour chercher un soigneur. Le voleur, toujours tenu fermement par le bras, chercha des yeux la jeune canine à laquelle il devait son salut, mais elle avait disparue de sa vue.

     

    Sungi marchait à pas rapide dans la grande rue, passablement énervée. Pour se calmer, elle décida de détailler la rue du regard, ce qui l'obligeait à oublier sa petite altercation. Elle sentit, ses milles et unes odeurs mélangées. Reconnaissant l'odeur forte des épices, du fer travaillé, encore quelques fruits et bien d'autres. Confus et mélangés, le tout n'était pas désagréable. Se focalisant à présent sur sa vue, elle leva les yeux au ciel, regarda les drapeaux voler, le donjon au loin, puis les façades des battisses de pierre aux poutres voyantes de bois. Les fenêtres, les panneaux d'affichages pour le peu de personnes savant lire, puis enfin, les passants. Tous très actifs, aux mils et unes couleurs. Passant du marron terne pour les plus pauvre à de beaux bleus ou verts, rouge ou rose pour les plus riche. Et comment rater le gris métallique des armures des patrouilleurs. Ici n'était pas le meilleur lieu pour voler, si ces malfaisants avaient un minimum de jugeote. Mais avec ce peu de jugeote, on décidait de ne pas vivre dans le danger mais d'essayer de travailler pour gagner un peu d'argent. "Crois-tu que certains le fond par plaisir ?" se demanda t-elle en fond intérieur. Pour s'occuper, elle se répondit que oui, certainement. Car le monde était bien fous, les personnes trouvaient du bonheur pour tout. Les meilleurs à côtoyer étaient ceux qui trouvaient leur bonheur sans passer par le malheur des autres, évidemment. 

    La Lycaon se mit à marcher plus calmement et détailla les femmes. Toutes habillées de robes, elle se sentit un instant un peu seule, d'être en pantalon et en tunique. Aujourd'hui, elle portait sa tenue préférée : un pantalon noir, des bottes hautes en cuir noir, sa tunique kaki aux larges manches qui lui permettait de ne pas avoir trop chaud, tout en se couvrant un peu, en ce début de printemps, et un bustier noir. 

    (arc à ignorer)

    Enfin, elle repéra une petite boutique de papiers, de plumes et d'ancre. C'était le deuxième magasin où elle voulait se rendre ce matin. Quand elle rentra, une petite cloche sonna et presque aussitôt, un loup plutôt âgé l'accueillit 

    - Bonjour jeune demoiselle ! Que puis-je faire pour vous ? 

    - Bonjour à vous. Ma plume est maintenant usée. Je venais en acheter une nouvelle, ainsi qu'un peu d'ancre et de papier. 

    Le loup sourit et contourna son comptoir pour lui montrer les différentes plumes qu'il vendait. Sungi fit son choix avec un quelque peu de difficulté. Elles étaient toutes si belles ! Au finale, elle en choisit une petite beige à plumeau (pas une toute droite, une toute douce). Le vendeur la prit délicatement ainsi qu'un pot d'ancre et d'un tas de feuille. 

    - Le tout pour 40 pièces de cuivre.

    Sungi paya le tout et repartit avec son petit chargement, collés bien précieusement contre son torse. En regardant un instant l'avancée du soleil, elle se dit qu'il était temps de rentrer.

    Alors qu'elle sortait de la boutique, un jeune chien brun lui fonça dedans, prit dans son élan. Il se rattrapa tant bien que mal au mur et baissa le museau.

    - E... Excusez-moi madame.

    Il avait le poil rêche et les yeux orangés, mais surtout une maigreur effarante et plusieurs plaies cicatrisées depuis peu. Vêtu d'une simple tunique de toile grossière et de linges élimés pour protéger ses pattes, il avait l'air assez pitoyable.

    Elle se rattrapa t'en bien que mal. Heureusement, ses habits ne la génèrent pas, contrairement a une robe, pour se mouvoir. Elle serra son précieux chargement entre ses pattes par peur d'un voleur. Ils avaient cette technique de voler courante. Foncer dans sa victime pour en dérober le contenu du sac. Comme ça, il peut le faire rapidement sans que la personne volée ne sente la main dans son sac, au vu du contact déjà fait et bien trop present pour que le cerveau ne comprenne ou ne sente. Elle vérifia d'un coup d'oeil l'intérieur puis se concentrant sur le chien. Au début elle froncait légèrement l'arcade sourcilière mais l'état de la pauvre bête l'attendrit. 

    Le pauvre faisait peur a voir. Si pitoyable... Et... Blessé .. 

    - Dieu que vous arrive t-il pour être dans un état pareil ? Son ton était surpris mais distingué pour ne pas paraitre dégoûtée. 

    Car elle ne l'était pas.

    L'animal releva la tête et la fixa avec intensité.

    - J'ai fuit mon village... Ça fait des jours... des semaines ? S'il vous plait... je suis si fatigué...

    Il tremblait un peu maintenant, et ne semblait plus avoir la moindre envie de se presser.

    Sungi le regarda toujours avec pitié. Que serait-elle devenue, elle, si ses parents ne l'avaient recueillit ? Mais... Et si c'était une ruse ? "Non, tu as vu son état ?" Se rappela t-elle.

    La jeune bourgeoise réfléchi un instant. 

    - Je veux bien... Mais qu'est ce que je peux bien faire ? (Elle le regarda a nouveau) je... Je peux te donner a manger pour cette fois... Hé puis...il te faut au moins un petit métier pour gagner quelques piecettes. Et désinfecter un peu les quelques plaies qui ne se sont pas refermée... Je veux bien essayer de faire tout cela pour toi, mais sache que tu auras une dette a me rendre. D'accord ? 

    Le canin leva vers elle des yeux remplis d'espoir. Il opina fermement de la tête pour tout réponse, et battit l'air de sa queue touffue.

    - Bien, suis moi, je vais te soigner dans ma stalle. 

    Elle reprit sa route et vérifia qu'il ne boitait pas pour la suivre. De toute manière, elle n'était pas médecin, désinfecter une plaie avec un peu d'eau et de du cataplasme, oui, mais pas plus... 

    Elle le conduit alors jusque dans la rue bourgeoise. Il la suivit tout en regardant autours de lui. Le moindre petit détail attirait son attention et tout semblait l'impressionner, de la taille des bâtiments aux autres habitants qu'ils croisaient.

    La jeune Lycaon marchait devant et jetait très régulièrement des coups d'œil à son protéger. Ils marchèrent encore un peu entre les allées, toutes les unes aussi belles que les autres. Les bâtisses étaient fleuries, les pierres et bois étaient apparemment très bien entretenu au vu des belles façades et de l'architecture surement plus recherchée que dans les quartiers pauvres. La rue était ordonnée et bien plus propre. Enfin, elle s'arrêta devant une maison de bois, et de pierres pour la stalle, en dessous du balcon, où la porte d'entrée était installée.

    Sungi se retourna vers le chien

    - Reste là, je fais vite.

    Le canin resta à sa place et l'observa faire. Elle monta donc les marches pour se rendre à l'entrée et enclencha la porte de sa main, à demi libre.

    Il regardait pendant ce temps la rue avec des yeux d'ahuri. Probablement n'avait-il jamais vu autant de richesse et de propreté étalée en un seul endroit. Il attendit la suite en silence, prêt à obéir quoi qu'elle lui demande de faire.

    Sungi rentra enfin chez elle. Elle déposa les fruits sur la table a manger et salua ses parents. 

    - Tu ne manges pas ? S'étonna sa mère. 

    - Pas tout de suite. Quelqu'un a besoin de mon aide. 

    - Qui donc ? Demanda son père. 

    - Un chien très mal en point. Je vais juste lui désinfecter ses plaies et lui donner a manger. 

    La berger fit une mine exaspérée. 

    - Sungi, tu ne peux pas aider tous les pauvres de la ville.

    - Il n'est que le troisième. 

    - C'est un troisième de trop, nous ne sommes pas un centre de remise en forme. Intervint un nouvelle fois le malinois. 

    - je ne me sers que d'eau et de verge d'or que j'ai cueilli hier matin. 

    La mère sourit plus tendrement. 

    - Bon... Si ce sont tes affaires que tu prends pour le soigner, alors c'est bon. Tu te débrouilles. Mais cesses de les faire venir ici. Compris ? 

    - oui. 

    La lycaon répartit en montant a l'étage, dans sa chambre. De la, elle posa rapidement ses papiers, son ancrier et sa nouvelle plume sur son bureau et se dirigea vers une étagère où elle prit un bocal pré-preparé, un chiffon et, en redescendant, un peu d'eau. 

    Elle prit l'escalier qui descendait a nouveau et se retrouva dans la stalle de sa jument, qui vint à elle. La jeune femme prit juste le temps d'une caresse avant d'aller ouvrir la grosse porte de bois dur. 

    - Viens. Appela t-elle en rentrant a nouveau. tiens, assis-toi ici.

    Elle désigna un coin de paille propre où la jument ne pouvait aller. Elle les regardait d'ailleurs avec curiosité derrière sa barrière, coupant la salle en deux, en outre, elle avait bien de la place, c'était plus grand qu'un box comme on pouvait le voir dans les écuries. 

     Il ne se fit pas prier et entra par la porte ouverte. De même, lorsqu'elle lui ordonna de s'assoir dans la paille propre, il obéi immédiatement en lui jetant de fréquents regards.

    Il avait toujours l'air un peu ahuri et ne prononçait plus un mot. Il ne croyait pas vraiment à ce qui lui arrivait, et son état de fatigue ne l'aidait pas à réfléchir sur sa situation.

    Sungi apporta le bocal et la cruche d'eau puis s'accroupit a côté de lui. 

    - C'est de la verge d'or en cataplasme. J'en prépare toujours un peu de secours, ça aide a désinfecter les plaies et sinon, dans ce pot, c'est du prêle pour tes plaies vraiment infectées. On en trouve facilement en forêt. Montre moi ta pire blessure, on va commencer par celle là. 

    Le chien l'écouta sans broncher, portant ses yeux sur les divers éléments qu'elle nommais. Puis il se regarda comme si il se découvrait. Il se tâta un peu les côtes et retira finalement sa vieille tunique rafistolée. Dans la fourrure de son dos, des zones sans poils et des marques de fouet. Plutôt anciennes à en juger par leur aspect. Plusieurs semaines au moins.

    En voyant les coups dans son dos, Sungi faillit basculer en arrière. Elle se rattrapa a l'aide de sa queue en la plaquala plaquant au sol et la raidissant. Reprenant son équilibre, elle s'approcha des coups de fouets. 

    - Pourquoi tant de coups ? Qu'etiez vous avant de venir ici ? 

    Elle palpa du bous du doigts les bords des plaies encore ouvertes. Toutes ne l'étaient pas. Une ou deux restaient un petit peu ouverte, en cour de guérison mais a l'aspect, elle préféra quand même appliquer un peu de cataplasme de verge d'or, pour aider cette guérison. Elle en appliqua du bous des doigts par peur de lui faire mal.

    Les zones qu'elle touchait étaient encore sensible. Il enroula sa queue autour de ses jambes et la serra dans ses pattes pour contenir la douleur. Avant de répondre, il attendit patiemment qu'elle s'occupe de son dos en essayant de ne pas bouger.

    Quand enfin elle eut terminé, il tourna vers elle sa tête brune.

    - J'étais un serf à Crosang. Je sais, je n'aurais pas dû m'enfuir ! Ne me dénoncez pas s'il-vous plait !

    Il avait laissé échappé ces dernières phrases à toute vitesse, avec une terreur sous-jacente impossible à ignorer.

    Sungi le regarda et le laissa se retourner. Elle ne comprit pas bien. Sachant déjà où était, approximativement Crossang, ce qui était la base de son métier, de savoir la géographie du monde, mais elle n'avait jamais entendu parlé du cerf. 

    - Qu'est ce que le Cerf de Crossang ? Demanda t-elle alors, sur un ton curieux. De toute manière, elle ne pensait nullement le dénoncer de quoi que ce soit. Il avait l'air d'avoir assez souffert. 

    - Pas "le" cerf : "un" serf. Un paysan au service de... de la dame de Crosang.

    Il s'était un peu calmé pour commencer son explication. Mais à l'évocation de cette "dame", la terreur perçait à nouveau dans sa voix et ses yeux effarés semblaient chercher un danger invisible.

    - C'est la dame de Crosang qui vous traitait donc ainsi ?! Vous étiez son esclave en quelque sorte ? 

    - Non, non ! s'exclama-t-il, presque effrayé qu'on puisse interpréter ainsi ses paroles. Un paysan ! On cultivait la terre, et une partie revenait au château. C'est partout comme ça, non ?

    Impôts, gabelle, taxes... peu importe les noms, tout habitant de ce royaume avait des comptes à rendre à quelqu'un.

    La lycaon fronça l'arcade sourcilière. 

    - On ne peut pas se dire paysan si on se prend des coups de fouets dans le dos ! J'appelle ça l'esclavage moi : travail plus maltraitance. 

    Elle essayait juste de comprendre mais ne voulait pas ce qu'il voulait dire. C'était toujours comme ça avec ceux qui s'exprimaient mal. Qu'il dise clairement d'où il venait, pourquoi était-il parti etc. Pourquoi tourner autour du pot ? Rien de tel pour l'agacer. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir... Il paraissait si traumatisé... 

    - La... La dame de Crosang ne maltraite jamais sans raison. C'est moi, c'est ma faute... Je n'aurais jamais dû cacher une partie de la récolte à la bonne dame...

    Il se mit à gémir comme un chien battu, et rentra la tête dans les épaules. Il ne regardait même plsu Sungi.

    Sungi comprit alors. Approximativement. Mais elle s'imaginait cette fois la scène. 

    - D'accord. Je vois. Ne t'en fais pas, je ne dirais rien. Où as-tu mal encore ? 

    Elle se demandait comment faire pour le calmer, l'appaiser. Presque même le faire dormir. Car le sommeil était le meilleur remède, de toute évidence. Enfin... Elle se prit un peu plus d'affection pour ce pauvre chien et se jura d'essayer de lui trouver un métier. Où du moins un toit où dormir. 

    Le chien continua de gémir après qu'elle ait parlé et mit un certain temps à redresser le museau. Comme si il venait de se rendre compte qu'on attendait de lui une réponse.

    - ... M... Mal ? Je...

    Il bafouilla et secoua nerveusement la queue. Finalement, il se pencha en avant et retira les lambeaux de tissus qui lui tenaient lieu de chaussures. Moins impressionnant que ses traces de fouet dans le dos, ses pattes étaient cependant égratignées, ses coussinets abimés. Une longue route sans protection dans des sentiers caillouteux pouvait en être la cause.

    Sungi se concentra a nouveau sur les pattes. Cette fois, c'était infecté et elle décida d'appliquer le cataplasme de prêle. 

    - Pourquoi courais-tu tout a l'heure ? 

    - Je... Ne sais pas. Enfin si : je ne connaissais pas l'endroit, tout était si grand, si bruyant... J'ai paniqué.  Je ne savais pas où aller.

    Il commençait apparemment à se calmer. La queue toujours enroulée, il tortillait un brin de paille entre ses griffes pour détourner son attention de ses plaies au pied. En ne regardant pas les gestes de Sungi, il évitait les sursauts trop déstabilisants.

    Sungi finit de s'occuper des deux pieds sans ajouter quoi que ce soit. Puis elle lança un regard interrogatif pour lui demander un autre endroit. 

    Une fois ceci fait, il ne restait plus que les croûtes plus éparpillées sur les bras et le museau. Aussi anciennes que les coups de fouet, mais qui n'avaient jamais été pansées normalement, d'où l'absence de cicatrisation pour ces blessures mineures.

    Constatant qu'elle ne pouvait faire que ça, elle se redressa et lui tendit la cruche d'eau 

    - Tiens, au vu de ton pelage, tu es complètement déshydraté. Je vais te rapporter quelques fruits aussi pour te nourrir.

    Le chien prit le broc d'eau entre ses pattes et continua de fixer Sungi jusqu'à ce qu'elle sorte. Il semblait dans l'incompréhension la plus totale. Déjà, qu'on l'aide et qu'on lui prête attention. Ensuite, qu'on lui propose à boire et à manger.

    Lorsqu'il se trouva seul, il regarda quelques instants l'eau clapoter au fond de sa cruche. Il la porta à son museau et bu enfin.

    Sungi alla chercher une pomme. Heureusement, ses parents avaient fini de manger et devait s'occuper on ne sait où dans la maison. Elle redescendit aussi rapidement et s'approcha a nouveau du chien en lui tendant le fruit .

    - Au fait, comment t'appelles-tu ? 

    Il releva la tête lorsque la lycaon refit son apparition et accepta le fruit avec gratitude. Avant de croquer dedans, il hésita pourtant, paru gêné.

    - Guillot. Mais vous savez... je n'ai rien pour vous payer.

    - Pour le moment, non. Et je ne te demanderais pas forcément de me payer. On va procéder comme avant l'apparition de l'argent : voici une aide de ma part. Quand tu seras rétabli, je veux pouvoir compter sur toi en retour si jamais je suis un jour dans le besoin. D'accord ? Et en fonction des services que je te donne, tu auras le même nombre de service a me rendre. Marché conclu ? 

    Le chien opina énergiquement de la tête.

    - Devant Aurès, je le jure !

    Elle sourit, satisfaite, et se releva 

    - J'ai une lettre à envoyer et je vais devoir aller travailler, reposes-toi bien le temps que j'écris et puis... Je suis désolée mais je ne vais pas pouvoir te laisser ici si je ne suis pas là, et qu'il n'y a personne à la maison. Mais pour le moment, essayes de fermer un peu les yeux...

    - Jamais je ne vous volerais ! se récria-t-il sans hésitation.

    Mais, comprenant ce qu'elle voulait dire, il n'insista pas plus. Et il était sincèrement épuisé, il n'avait pas la force de discuter. Il racla sa pomme jusqu'au trognon et se roula en boule dans la paille. A peine les yeux fermés, il commença à sombrer dans le sommeil.

    - j'espère.. chuchota t-elle en s'éloignant de quelques pas.

    Il y avait tellement de malfaiteurs en ce monde. De supercherie... Et elle était si naïve parfois qu'il était bien simple de l'avoir. Bien qu'elle restait un minimum méfiante. Enfin, elle remonta ses escaliers. 


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  • Le prince était de retour, accompagné du condottière Mercurio. Le rat attendait de voir la réaction des gardes, sans doute pas au courant de l'escapade de Sirius. Quand au jeune prince, il se tenait fièrement, droit comme un pic.

    Les gardes aux portes de la citadelle échangèrent un regard en voyant arriver leur prince, qu'ils pensaient à l'intérieur.

    - Prince Sirius ? Vous étiez dans la ville... sans escorte ?

    Sirius savait déjà d'avance ce qu'il allait répondre :

    - Je n'étais pas seul , Mercurio était avec moi. Qu'aurait-il pu m'arriver ?

    Les gardes tournèrent leur regard vers le rat, comme si ils remarquaient seulement sa présence... Ou simplement qu'ils n'en avaient pas tenu compte.

    Ce dernier fit un rapide salut.

    - En effet, j’accompagnais messire le prince Sirius Havreblanc. Et il ne lui est arrivé aucun mal comme vous pouvez le constater.

    L'un des gardes, un chien brun aux oreilles tombante, se gratta la tête mais leur fit signe de passer. De toute façon, il ne relevait pas de leur pouvoir de juger la conduite du prince, et le roi allait de toute façon être mit au courant à un moment ou à un autre. Le prince savait parfaitement que sa conduite ne plairait pas à son père , mais il n'en avait pas peur. Il était habitué depuis son jeune âge à se faire remettre à sa place par les adultes ! Il adressa un signe au rat,"remercia" les gardes et entra dans la citadelle. Tout deux prirent prirent directement la direction du palais, en particulier vers l'aile central. Là où se trouvaient toutes les salles officielles de l'administration... Et sans aucun doute le roi.

    Louis II et ses châteaux - La salle de bal du Château de Neuschwanstein:

    Ils marchaient rapidement dans les couloirs. Mercurio saluait les nobles qu'ils croisaient d'un signe de patte, brièvement et chaleureusement. Alors qu'ils passaient dans un long corridor orné d'une tapisserie aux couleurs vives, il se tourna vers le prince.

    - Messire, arrêtez moi si je dis une bêtise... Nous allons voir votre père directement, pas vrai ? Inutile de faire durer une situation désagréable si elle peut être abrégée.

    Le prince suivait Mercurio lorsqu'il lui posa une question.

    Il y répondit rapidement.

    - Et bien... Maintenant ou plus tard pour moi c'est pareil.

    - Reste à voir si notre sire le roi est libre en ce moment. Il n'y a qu'une seule façon de le savoir.

    Il prit la direction de la salle du Trône. Le roi s'y trouvait la moitié du temps en journée, pour recevoir les plaintes, les jugements et autres visites. Au fond Sirius espérerait que son père n'était pas là bas. Avec un peu de chance il se trouvait à un autre endroit.... Non ?

    Ils croisèrent l'intendant avant d'entrer dans la salle du trône, et Mercurio lui demanda confirmation.

    - Oui, sire Roland est en pleine audience. Mais vous devrez attendre qu'il ait terminé si vous voulez le voir.

    Il loucha rapidement vers Sirius...

    - On va attendre ici... Ou si vous préférez nous pouvons nous promener dans les couloirs.

    Siruis espérait que le rat opterait pour la seconde solution.

    - Se promener dans les couloirs ? répéta-t-il. Dans quel but ? Vous devez connaître le palais par cœur à force de vous "promener".

    Le rat n'avait pas l'air d'apprécier l'idée, au vu de sa mine grincheuse, mais il ne réprouva pas clairement.

    -C'est vrai , vous préférez donc attendre ? 

    Le prince savait bien que son "ami" avait raison , il connaissait le château comme sa poche.

    - Ne me prenez pas pour un imbécile, prévint-il. Si nous commençons une "promenade" dans le dédale du palais, on ne sera jamais là à temps pour la sortie de votre père, et on devra à nouveau le chercher.

    -Soit, admit Siruis, surprit du ton employé... Nous attendrons.

    Le rodentien se radoucit.

    - Nous ne devrions pas avoir trop longtemps à patienter : midi va bientôt sonner et l'audience du roi ne durera pas à l'infini.

    Sirius hocha la tête et s'adossa contre un pilier. 

    - Je ne suis pas sûr qu'il soit content que je me suis "évadé" par une des façades...

    - Il doit avoir l'habitude, fit-il remarquer. Et que vous veniez avouer votre faute est un acte de courage qu'il ne pourra que noter.

    Le prince pouffa.

    -Je n'vais pas vraiment lui avouer , je vais juste dire que j'étais sorti et que j'ai rencontré Mercurio, ici présent.

    Le rat soupira, mais n'insista pas. De toute façon, que ce soit dit d'une façon ou d'une autre, ça revenait au même. Le roi Roland n'était pas un imbécile.

    Bientôt, l'audience du roi prit fin. Les portes de la salle du trône s'ouvrirent et vomirent une foule dense et bruyante. Mercurio réussit à intercepter le roi au passage, et le souverain se retrouva enfin face à son fils. Pour la première fois de la journée, il était forcé de lui dédier son entière et totale attention.

    - Sirius... Je suppose que tu as quelque chose à me dire ?

    -Oh euh... j'étais sorti, sans te permission, je l'assume, et j'ai rencontré Mercurio, j’étais bien protéger ne t'inquiète pas, c'est un fidèle,  jamais il ne m'aurai fait de mal n'est-ce pas ? énonça-t-il à toute vitesse en prenant le rat à témoin.

    - Bien entendu messire, fit le rodentien en s'inclinant bien bas.

    Cela ne paru nullement impressionner le roi.

    - Quand comprendras-tu qu'il est temps que tu prennes ton avenir en main ? A ton âge, Guillaume le Magnifique avait déjà conquit une bonne partie du royaume et rallié à sa cause des dizaines de maisons nobles.

    Sirius soupira.

    -C'est ennuyant... La politique et tout le reste c'est pas trop mon truc papa...

    - Tu n'as pas le droit de t'en détourner Sirius. C'est ton devoir. La vie n'est pas une partie de plaisir, il est temps que tu l'apprennes.

    -Je vais faire des efforts...

    Le prince soupira, une fois de plus.

    - Et souviens-toi aussi qu'un souverain se doit de toujours tenir ses promesse, ajouta le roi, jugeant sans doute l'occasion idéale pour placer son sermon.

     

    Mercurio jugea le moment opportun pour s'avancer vers le roi dans une courbette.

    - Sire, permettez : je ne puis être toujours présent à la capitale, mais ces périodes sont de plus en plus longues et régulières. Votre fils m'a fait l'offre louable de l'aider à mieux appréhender son fardeau en lui faisant office de conseiller officiel, et je m'y plierais avec honneur.

    Le roi regarda le rat comme si c'était la première fois depuis la discussion, alors que c'était justement lui qui était venu le chercher. Il se racla la gorge.

    - Sirius, est-ce bien vrai ?

    Il n'y avait aucun reproche dans le ton de sa voix, juste une demande sincère de confirmation. Siruis hocha la tête avec un sourire forcé.

    Sire Roland passa une main lasse dans sa foisonnante crinière.

    - Si un conseiller pouvait te mettre un peu de plomb dans la tête, je ne le lui refuserais pas. Tu es sûr de ton choix ? ... Sans vouloir vous vexer, messire Mercurio.

    Le rat avait d'abord fait la moue, mais reprit rapidement un visage digne.

    -Mercurio est digne de confiance père ! Je suis sûr qu'il saura m'apprendre...

    Le roi fronça le museau devant le petit sourire satisfait de ce rodentien qui n'était même pas noble, mais accepta tout de même.

    - Soit. Qu'il en soit ainsi.

    Le prince aurait voulu sauter dans tout les sens...mais...euh...Il ne le fit pas. S'il voulait paraître sérieux pour convaincre son père il devait faire des efforts (même si ceux ci n'étaient pas sincère)

    Il se contenta d'une "révérence".

    -Merci père.

    - Bien. A présent, laissez-moi : je me dois de retourner auprès de mon conseil. Ma journée n'est pas terminée.

    Puis il s'éloignant sans plus leur prêter d'attention. Mercurio s'adressa alors au prince :

    - Dites-vous que ç'aurait pu être pire. Nous autres, rodentiens, avons bien du mal à nous faire une place auprès des "grands".

    -Je comprends.

    - Que diriez-vous de rendre mon aide officielle ? Sans ces petits morceaux de parchemins, le roi votre père saurais encore trouver un moyen de vous... isoler à nouveau.

    - Bonne idée.

    - Avez-vous du papier, de l'encre et de la cire dans votre chambre ?

    Bien sûr qu'il avait cela. Tout deux rejoignirent la chambre de Sirius, une vaste pièce aux couleurs de Havreblanc et aux meubles ornés aux prix sans doute exorbitants.

    - Beaux appartement, complimenta le rodentien.

    Sirius lui fit un simple signe de tête qui voulait dire merci et se dirigea vers son bureau , là où se trouvait l'encre et le papier : deux choses qu'il n'avait pas vraiment l'habitude de toucher...Ou du moins pas de son plein gré.

    - Vous permettez ? demanda le rodentien en désignant les objets.

    Soit le prince souhaitait lui-même écrire les termes de son "augmentation", soit il le faisait lui même. L'écriture importait peu sur un papier officiel : seule la signature comptait. Sirius opina donc de la tête et lui tendit les instruments.

    Mercurio s'approcha de la table et étala le papier. Il observa la plume avec intérêt, puis la trempa dans l'encre noire. Il commença à écrire.

    Il avait beau avoir grandit dans des conditions précaires et dans une famille de basse extraction, il s'était arrangé pour apprendre à lire et écrire au court de ses pérégrinations. Entre autres. Une écriture fluide mais sans fioriture, du genre rapide et claire. Du genre qui pouvait parfaitement signer un arrêt de mort.

    Pour l'occasion, nul besoin de se presser. Il prenait le temps de réfléchir aux termes adéquats, et jetait parfois un regard au prince à ses côtés, comme pour s'assurer de son assentiments. Il opta finalement pour des termes simples, mais surtout officiels. Tout le tralala des formules de politesses et des titres y passa aussi, impossible d'y couper. Vint la touche finale : les signatures des deux parties du "contrat". Car cette dérogation de titre y ressemblait beaucoup en fin de compte : le condottière Mercurio des Lames de Sang s'engageait à conseiller le prince Sirius Ier Havreblanc au meilleur de ses capacité et disponibilités pour le bien du royaume, et ce dernier lui assurait en retour la protection de la famille Havreblanc et des portes toujours ouvertes à la capitale pour lui et les siens. Beaucoup de mots pour pas grand chose, mais c'était la seule façon de concrétiser leur arrangement.

    Il tendit à Sirius le papier et la plume.

    - Il faut signer, prince.

    Le jeune matou signa sans hésitation. Il était tout aussi ravi de rendre cela officiel.

    Le rat récupéra plume et papier, et signa à son tour. Puis il fit fondre un cachet de cire et sortit d'une poche intérieur de son veston le seau qu'il avait fait graver à l'image de son symbole : la rose. Une fois la marque officielle imprimée, Mercurio secoua un peu le document pour le faire sécher et le tendit au prince.

    - Et voici.

    - Merci. Je la donnerai à mon père ce soir.

    Mercurio sourit avec satisfaction. A partir de maintenant, même le roi ne pourrait plus le démettre de ses fonction sur un simple coup de tête. Le papier faisait foi.

    - Prenez-en soin, mon prince.

    - Je n'y manquerai pas.

    - C'est un plaisir pour moi que de pouvoir vous servir, mon prince. Nous nous revoyons ce soir lors du dîner du roi ?

    Il était de notoriété publique que le roi prenait six jours sur sept son repas en présence de sa cour, dans la Grande Salle du palais. Sirius était secrètement ravi , il avait toujours voulu avoir quelqu'un avec qui être complice.

    -Oui , nous nous verrons ce soir.

    Avec une courbette sophistiquée, Mercurio lui souhaita une bonne fin d'après-midi et recula vers la porte, avant de lui fausser compagnie. Siruis le salua et retourna s'assoir sur son lit, un livre à la main. Il aimait la lecture.


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  • - Allez, debout ! Ici, on se lève avec le soleil.

    Sylta sursauta avant même que ses yeux soient ouverts. Son cœur s'était emballé sous la peur. 

    -He oh ! Plus doux aurait tout aussi bien marché ! grogna t-elle alors qu'Hadrian refermait la porte.

    Mise de tellement mauvaise humeur, elle n'avait pas fait attention a son ton et au cri de sa voix. En tout cas, impossible qu'il ne l'ai pas entendu.  Surtout que Sylta n'avait pas le sommeil lourd, au contraire. Surtout avec l'approche du matin. Mais elle pouvait très facilement être de mauvais poil pour un mauvais réveil. 

    Elle regarda ensuite par la fenêtre et remarqua une cape verte et brune, semblable à celle de Hadrian (en plus courte). Elle était belle ! pour elle en tout cas. Contente malgré tout, elle s'habilla de sa tunique kaki, mit la cape et sorti.

    Qu'est ce qu'elle se trouvait bien avec cette cape. Presque fière. 

    Mais en voyant le bougre, elle le toisa. 

    -B'jour. 

    Hadrian ne broncha pas.

    De nouvelles bûches brûlaient dans le feu et ramenaient un peu de chaleur dans la chaumière, chassant les ombres de la nuit.

    - Alors, bien dormit ? On a du pain au graines ce matin. Plus très frais, mais il faudra s'en contenter jusqu'à ce midi.

    Apparemment, il ne prit pas plus ombrage du regard massacrant de la jeune hermine.

    - C'est très bien, répondit-elle simplement en s'asseyant et cassant un bous de ce pain pour en faire son petit déjeuner. 

    Elle n'osait plus le regarder mais essaya de faire tomber son mauvais poil avec la discussion :

    -Quoi de prévu aujourd'hui ?

    - Pour commencer, on va ramasser du bois. Les nuages qui s'amassent au dessus de la région ne m'inspirent pas confiance, et si on s'y prend trop tard pour les mettre sécher à l'abri, ils risquent d'être trempés.

    -Mmh... fit-elle en toute réponse. 

    Dit-donc jusqu'à maintenant la formation était passionnante ! Elle avait connu plus palpitant même si sa vie ne l'avait jamais vraiment été. Elle sortit donc à sa suite dans l'air frais du matin.

    Une fois dehors, on ne pouvait en effet que remarquer les lourds nuages d'un gris sombre qui s'amassaient au dessus de la forêt.

    Hadrian quitta la clairière pour s'enfoncer dans les bois, incitant toujours Sylta à le suivre. Elle devait quelques fois trotter derrière lui, c'est qu'il marchait vite comparé à ses petites pattes ! À un moment, dans sa précipitation, elle s’emmêla les pieds et tomba. Rien de nouveau pour elle, elle retrouva vite ses appuis arrière le temps que ses pattes avant la rattrapait puis elle se remit en route aussi vite qu'elle était tombé. 

    Le rôdeur ne fit pas attention à la chute. Peut-être qu'il ne l'avait même pas remarqué. Il avançait toujours à grand pas dans la forêt, fouillant du regard les environs. Finalement, il s'arrêta et lui fit signe de faire de même.

    - Tu vois ces traces par terre, dans la terre humide ? Tu saurais me dire de quel animal il s'agit ?

    Image associée

    Elle s'en approcha et détailla la trace du regard. 

    -heu... Sanglier ? Je crois... 

    Il hocha la tête, satisfait.

    - Pas mal. C'est bien une trace de sanglier. Poursuivons.

    Il la conduisit jusqu'à une clairière, où la terre avait été retournée.

    - Toujours notre même sanglier... on dirait qu'il s'en donne à cœur joie. J'espère qu'il ne décidera pas de s'installer trop près de la chaumière.

    http://alpesoiseaux.free.fr/animaux/sanglier_sus_scrofa/sanglier_boutis.jpg

    Elle le suivit avant de s'arrêter à nouveau. Mais elle ne comprit pas trop sa remarque. N'étant pas issue d'une famille de cultivateur, elle n'eut jamais ce problème des animaux dans les champs. 

    -Pourquoi ? C'est génial de pouvoir voir des animaux de la forêt en pleine vie quotidienne, s'est si rare...

    - Mouais... On est au printemps, et je n'aimerais pas avoir une famille de sanglier emménager avec toute une flopée de marcassins. C'est costaud ces bêtes là, et ce n'est pas avec nos arcs qu'on pourrait en abattre un en pleine charge.

    Il se pencha pour ramasser une branche d'arbre.

    - Tu te souviens pourquoi on est là ? Je ne veux pas forcément des grosses branche, juste le genre de brindilles qu'on utilise pour redémarrer un feu. J'ai encore suffisamment de restes de l'hiver en combustible.

    - Ha oui, c'est vrai. 

    Elle se mit donc en quête de petites "brindilles" de branche d'arbre. Elle en ramassait parfois quand celles-ci se présentaient à elle. Au bous d'un bon moment de recherche, les petits bras de l'hermine furent assez plein pour ne pus pouvoir porter séparément. Elle remplaça son ancienne main libre par sa queue et continua ainsi. Au moins, elle n'avait plus besoin de se baisser.

    Hadrian aussi avait les mains pleines et observait Sylta du coin de l'oeil. La jeune hermine sentit ce regard s'appesantir sur elle au bout de quelques seconde et se tourna vers lui.

    -Y en a assez ? Car je galère un peu la. 

    En effet, elle avait trouvé un arbre bientôt mort si ce n'est pas déjà le cas, les branches en dessous ne manquaient pas. 

    - Ça suffira, nous allons rentrer.

    Il n'avait pas réussit à cacher tout à fait son amusement dans le ton de sa voix, même si elle restait aussi neutre que d'habitude. Elle le suivit, un petit sourire illuminait son visage. Cette fois, elle faisait très attention de ne pas s'emmêler les pattes ou de tomber tout cour. Elle voyait Hadrian prendre un peu de distance de temps en temps mais elle était décidé à ne pas lui courir après pour ne pas tomber et lâcher son chargement.

    Ils mirent peu de temps à rentrer à la chaumière, finalement. Ils avaient pu prendre un chemin plus direct qu'à l'allée, et, malgré leurs bras (et queue) chargés de branchages, ils avaient aussi fait moins d'arrêts.

    - C'est bon, pose-les là, à côté du tas de bois sec.

    Sylta était fière de ne pas être tombé et lâcha le tout, qui tomba en s'éparpillant un peu. Elle ramena le tout en un petit tas et se releva.

    Pendant ce temps, Hadrian ouvrait la porte de la chaumière avec une grosse clé en cuivre.

    - Bien... A présent, je dois porter une lettre à la ville. Je serais de retour dans une heure ou deux. En attendant, je trouve que cette pièce aurait bien besoin d'être balayée un coup... Le balais est à la même place qu'hier.

    Profondément déçue, Sylta fit d'abord la moue mais elle se dit qu'avoir un coup le champ libre sans avoir peur de se faire rependre pouvait être bon. Elle reprit un air neutre et hocha la tête 

    -D'accord. Je le ferais. 

    Elle trouvait cependant très étrange qu'Hadrian lui fasse assez confiance pour la laisser sans surveillance dans sa chaumière alors que ce n'est que le deuxième jour. Peut-être que c'était un piège ? Qu'au final il allait dire "mais non, tu viens avec moi" mais bon.. disons que es deux possibilités ne la dérangeaient pas. 

    Il hocha simplement la tête et alla chercher la lettre dans sa chambre. En ressortant, il lui fit un petit signe de la main.

    - A tout à l'heure.

    Sylta lui retourna son signe de main et le regarda avec grande surprise partir. Puis, elle rentra. 

    - Je vais vite faire ce coup de balai pour être débarrassée après. Se dit-elle à voie haute maintenant qu'elle était seule. 

    Après avoir balayer la pièce principale de la chaumière, Sylta ressortit à nouveau et s'approcha du pré pour y regarder Cendre avant d'aller visiter le coin externe de la maison. Elle se dit qu'ici elle pouvait fouiller un peu, qu'il n'avait rien à cacher vu que c'était en extérieur, mais par contre, elle le respectait trop pour visiter d'elle même son intérieur. La petite hermine se retrouva donc dans le box de la ponette, mais Cendre ne s'y trouvait pas : le rôdeur avait dû la prendre pour partir en ville.

    A un moment dans la matinée, l'orage éclata. Les lourds nuages noirs qui menaçaient depuis l'aube déversèrent enfin toute leur furie, noyant le paysage sous un rideau de pluie grise. Hadrian n'était toujours pas rentré.

    - Génial... Fit Sylta en se dépêchant de rentrer pour observer l'averse de l'intérieur. 

    Elle jeta un regard sur le feu, qui était toujours allumé, en se demandant si elle pouvait se faire une boisson chaude. Sûrement... Elle s'en alla fouillé un petit coup les placards à la recherche de possibles herbes. Trouvé. Elle allait vérifier si il restait de l'eau mais ... Elle fut soudain stoppé dans son élan. "Et si j'ai pas le droit ?" Se demanda t-elle. Dans le doute, elle préféra ne rien faire et s'assit simplement sur une chaise, vers la fenêtre pour guetter l'arrivée d'Hadrian. Bien plus tard, alors que midi approchait, la ponette arriva enfin en vue de la chaumière, trottinant sur le chemin, aussi trempée qu'une serpillère... et seule.

    Bien que la scène de la petite ponette trotinant pour rentrer aurais pus décrocher un sourire, l'absence de son cavalier était bien moins amusant. 

    Elle resongea au premier jour : Hadrian l'avait lâché bien avant de rentrer pour qu'elle s'en aille brouter avant qu'ils arrivent. Mais la, il était sensé être sûr son dos ! 

    Elle rabattit donc sa capuche de cape sur la tête et sortit voir la ponette d'un pas précipiter. 

    - Cendre ! Appela t-elle en s'approchant d'elle. Il est où ton cavalier ?! 

    Elle ne l'attrapa pas. Pour voir si la ponette avait une quelconque bonne intension pour aider. 

    En tout cas, l'orage n'avait pas l'air de l'effrayer, tant mieux. 

    En attendant une réaction, la petite hermine lançait de regard partout, assez paniquée, dans l'espoir de le voir arriver. 

    Cendre vint la renifler, et, une fois qu'elle eut reconnu l'hermine, elle retourna vers son prés, comme rassurée.

    Dans le même temps, Hadrian sortit des buissons sur le bas-côté de la route.

    - Calme-toi, je suis là. Et j'ai l'honneur de t'annoncer que tu es désormais officiellement mon apprentie.

    Sylta sursauta quand il apparut et ne put retenir un sourire de soulagement. Ses paroles transformèrent le petit sourire en un large ajouté aux yeux pétillants. 

    Avec la pluie, on entendait moins, et elle était maintenant trempé jusqu'aux os à en grelotter mais sur le moment, elle n'y pensait pas. "Honneur" et "officiellement" tournaient dans sa tête. 

    -Youpi ! se réjouit-elle à voix haute pour lui montrer.

    - ...Et puisque c'est ainsi, tu va aussi pouvoir commencer ton véritable entraînement. A compter d'aujourd'hui, il n'y aura plus une journée où tu ne te perfectionnera pas à l'arc, à la discrétion, au lancer de couteau, à la fronde, ou au combat au corps-à-corps.

    Sylta ne se tenait plus de joie. Elle ne savait plus quoi dire si ce n'est un sourire de plus en plus grand. 

    Puis, elle explosa et se mit à sautiller et à écarter les bras avant de revenir à la normal. 

    Hadrian, au contraire, resta désespérément indifférent. La pluie perlait sur son museau grisonnant et il ne cillait même pas.

    - Commençons par rentrer. Si je dois t'expliquer les bases d'une première catégorie, autant que se soit à l'abri.

    Elle hocha la tête et le suivit à l'intérieur.

     

    Hadrian et Sylta rentrèrent dans la chaumière, trempés comme des soupes. Le rôdeur avait prit soin de fermer avant l'enclos de Cendre (elle a beau être sage, on ne sait jamais...).

    Il installa deux chaise près du feu pour se sécher en discutant, et fit signe à son apprentie de s'assoir. De son côté, il partit dans sa chambre et revint avec deux arcs courts et un carquois à la patte semblable à celui qu'il portait toujours dans le dos.

    Sylta s'assit sagement près du feu et attendit en trépignant à moitié que son mentor revienne. Elle était tellement contente de réellement commencer ! 

    Puis, il revint avec la tiraille du tire à l'arc. Elle se calma donc, d'aspect, et se montra prête à écouter. 

    Il s'assit sur la deuxième chaise et déposa les arcs entre eux doux.

    - Bien. Je t'ai présenté hier les bases de notre guilde, son but concret. Tu as montré que tu pouvais faire preuve de patience sans en recevoir l'ordre exprès. Maintenant il est temps que tu fasses ta première approche de l'arme par défaut d'un rôdeur : l'arc. Polyvalent, silencieux, discret, mortel. Et les nôtres sont taillé par des maîtres archiers de façon à être à la fois assez petits pour être utilisés en forêt comme à cheval, et puissant pour toucher précisément une cible à deux cent mètres.

    Sylta l'écoutait attentivement. 

    -Wow. 

    Cet arme la, elle savait déjà qu'elle l'adorait . Sans avoir de raison précise. Elle était pressée de savoir l'utiliser. 

    - El t'a fallut combien de temps pour savoir tirer correctement ? 

    Elle rappelait trop bien la veille où flèche s'était plantée dans l'arbre à côté d'elle. 

    - On ne cesse jamais d'apprendre. Aujourd'hui encore je m'entraîne régulièrement pour ne pas perdre la main. Et souviens-toi : un rôdeur ne doit pas se contenter d'être excellent, il doit être PARFAIT. Tu pourras dire que tu sais tirer le jour où tes flèches pourrons se planter exactement là où tu le souhaite à quelque distance que se soit que ton arc peut couvrir.

    Elle hocha la tête. Bien qu'elle mourait d'envie d'apprendre à en faire, elle trouvait cette arme déjà compliqué à manier. Comme s'il fallait vachement de technique pour pouvoir ne serais-ce que placer la flèche rapidement. 

    En tout cas, elle était pleine de bonne volonté pour y arriver un jour.  

    Il ramassa un des arcs et lui désigna l'autre.

    - Prend ton arc et ton carquois, il est temps de passer aux choses pratiques. A commencer par essayer de t'inculquer les bases.

    Sans attendre, Sylta saisit l'arc avec un grand sourire. Elle y accordait une attention particulière et se montrait très attentive. Pour une fois, elle contrôlait son excitation. Hadrian la regardait faire calmement.

    - Qu'attends-tu pour aller dehors ? Tu penses peut-être que tu vas tirer à l'arc dans la chaumière ?

    Sylta se leva en un bon et fronça les sourcils. 

    -Je suis pas psychique, faut pas s'attendre à ce que j'arrive à tout enticiper. 

    Elle regarda la fenêtre, il pleuvait moins, mais toujours quand même. 

    Hadrian l'énervait parfois, et ce n'était que le début... Ça devait être dut à la la solitude de son métier ? Peu importe. Elle n'avait pas parlé méchamment, son ton n'était pas des plus dur mais elle avait horreur de ce genre de comportement.

    Il la suivit dehors sans broncher. Le ton de reproche ne l'avait apparemment pas ébranlé. Il prit au passage une sorte de protection pour l'avant bras, similaire à celle qu'il portait à la patte droite.

    La pluie tombait toujours. Moins drue qu'au retour de Hadrian, mais toujours par grosses gouttes froides.

    - Tiens, conseilla le rôdeur en tendant à Sylta la protection de cuir. Enfile ça. Sylta s'exécuta. Elle avait également rabattu sa capuche sur sa tête et enfilait maintenant la protection. Puis, elle le regardait dans l'attente d'une autre consigne. 

    - Maintenant, je vais t'apprendre la posture de base d'un archer. Tu vois le tronc du chêne là-bas ? C'est ta cible. Campe-toi bien sur tes jambes, de profil dans le prolongement de ta ligne de tir.

    Sylta mit un petit moment avant de s'y mettre. Elle était soit trop en face, soit pas dans la ligne de tir. Avec l'aide de Hadrian, elle réussi à se mettre dans une bonne position.

    Le rôdeur lui apprit ensuite comment placer son buste correctement, comment placer ses doigts, comment tendre la corde jusqu'à sa joue, comment placer la flèche...

    - Aller. A présent, il est temps : tire sur ta cible.

    Sylta tira la corde. Elle ne s'attendait pas à quelque chose d'aussi dur. A force d'user sa force afin d'essayer de la tendre au maximum, elle se mit à trembler. Enfin, elle tira et la flèche se planta, évidemment, bien a côté de l'arbre.

    - Une seule solution pour muscler tout ça, et surtout apprendre à viser : s'entraîner. Aller, commence par tirer tout ton carquois et tu iras chercher tes flèches ensuite.

    Il s'éloigna de quelques pas pour aller s'abriter dans l'embrasure de la porte et continua de l'observer.

    Bien que déçue, elle hocha la tête et arma maladroitement une autre flèche sans bouger les pieds et le moins possible de corps pour ne pas perdre la bonne position. 

    Elle tira une nouvelle fois la corde avec autant de difficulté mais attendit moins longtemps avant de tirer. Cette fois, la flèche se planta toujours d'en l'herbe, avant de tronc, mais déjà un peu plus dans la ligne menant a l'arbre. Même si cela restait encore un peu décalé. 

    La jeune hermine retira donc ses autres flèches dans l'espoir qu'au moins une touche sa cible... À la fin des tentatives, aucune ne l'avait atteint. 

    Lorsque le carquois fut vide, Hadrian lui lança depuis son abri de fortune :

    - Va récupérer tes flèches et recommence !

    Sans attendre, elle couru rattraper ses flèches, qu'elle rangea tête la première dans le carquois comme au début puis revint à sa place, il lui fallut d'ailleurs un petit temps avant de réussir à retrouver la position indiqué. Quand elle cru avoir la bonne, elle lança un regard interrogateur à son mentor.

    Il fit un bref hochement de tête pour confirmer la position. Pour le moment, comme elle y faisait attention, elle se plaçait correctement. Le piège était après plusieurs jours d'entraînement, quand on a l'impression d'habitude et qu'on ne prend plus garde à sa position.

    Une fois confirmation, Sylta se remit à tirer. Suivant les tirs, c'était plus ou moins bien, mais à aucun moment le tronc n'était frôlé ni touché. Le rôdeur continuait de l'observer sans bouger.

    Le temps passa, Sylta allait ramasser ses flèches et tirait à nouveau sans pouvoir en atteindre. Elle faisait toujours attention en sa position. 

    Il lui restait une nouvelle fois qu'une seule flèche à tirer qu'elle s'énerva, un peu. 

    -C'est pas possible que ce soit si compliqué ! 

    Elle tira sa flèche, qui évidement se planta dans l'herbe.

    - La qualité principale d'un rôdeur doit être sa patience, rappela Hadrian. C'est seulement ainsi et avec de l'entraînement que tu t'amélioreras.

    Elle le regarda et soupira, les bras ballants avant de retourner chercher ses flèches au sol et recommencer.  

    Le rôdeur la laissa continuer ainsi pendant plus d'une heure, sous la fine plus de fin d'averse. Il l'invita finalement à rentrer lorsqu'il jugea qu'elle en avait fait assez :

    - Il est temps d'aller manger. Pense à vérifier que tu n'as pas oublié une flèche quelques part dans un fourré : le fer des pointes n'est pas donné.

    Elle faillit sursauter quand il se remit à parler :

    -Heu... oui, d'accord. 

    Elle s’exécuta donc pour aller chercher ses flèches au sol.

    Cette fois, Sylta était frustrée de ne pas avoir réussi. Ça n'allait pas continuer comme ça ! songea t-elle en rentrant. Vous allez voir, saletés de flèches, bientôt, je vais vous fendre une à une sur ce tronc ! 


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  • Mercurio était assis à son bureau, triant grossièrement les rapports de ses mercenaires. Il avait envoyé un groupe à l'ouest sous le commandement du loup Rodrigue (jouable !) pour éclaircir une histoire d'impôts non payés à la couronne. Soudain une souris grise, à peine plus petite que lui, entra dans la pièce en catastrophe.

    - Messire ! C'est terrible ! On vient de l'apprendre... Le roi est mort !

    Le rat garda contenance, reposant ses papiers et ses encres. Enfin. ENFIN il se décidait à rendre l'âme. Deux jours et une nuit que les médecins étaient à son chevet, essayant tous les remèdes de leur connaissance, faisant appel aux meilleurs herboristes... Pour que finalement Roland Havreblanc rende l'âme en cette matinée de printemps de l'année 882.

    Le rat contourna son bureau pour se rapprocher de la souris.

    - Merci Madeleine. Tu peux disposer.

    Il affichait une mine contrit, voulant sembler le plus désolé possible. Il n'était qu'un pauvre rodentien, tout aussi affligé que le reste de la cour. Il n'avait JAMAIS versé la moindre goutte de poison dans la coupe du roi lors d'un repas. Son rapprochement avec le prince Sirius n'était qu'un malencontreux hasard avec cette tragédie.

    Pendant que la dénommée Madelaine quittait la pièce avec précipitation, Mercurio se préparait à rejoindre le prince.

     

    Kadôs du nouvel an

    Sirius avait déjà apprit la nouvelle. Mercurio le trouva dans les jardins, perché dans un arbre. Avait-il vraiment comprit qu'il était désormais le roi ?

    - Sirius ? C'est moi, Mercurio.

    Le jeune prince sembla enfin le remarquer mais ne daigna pas descendre de sa branche. Il ne pleurait pas, mais on devinait la douleur sur son visage.

    - Je suis vraiment navré de ce qui vous arrive, compatit Mercurio avec une tristesse forcée.

    Il laissa un petit peu de temps s'écouler, puis, voyant que le prince ne répondait pas, ajouta ensuite :

    - A présent... il semblerait que vous soyez le roi.

    Cette fois, Sirius planta son regard doré dans les yeux du rat. Difficile de savoir ce qu'il pensait... Mercurio ne pouvait que supposer.

    -  Je sais à quel point cette tâche vous repousse, et connaître la mort d'un proche n'est pas un moment facile... Mais vous ne pouvez pas refuser votre devoir, le royaume compte sur vous. Nous vous aiderons, soyez-en certain. JE vous aiderai !

    Le jeune chat daigna enfin descendre de son perchoir. Il se laissa glisser, la tête en bas, se rattrapa par les pattes et se remit à l'endroit par un vif mouvement de balancier. Il était agile, pas de doute. Mais un roi n'avait pas besoin d'être agile. Un roi avait besoin d'être patient. Et si Sirius avait beaucoup de choses pour lui... il n'avait pas la patience.

    - Oui, je vous offre mon aide, et si vous l'acceptez j'espère pouvoir ôter un poids de vos épaules.

    Sirius ouvrit enfin la bouche, pour la première fois depuis le début de leur échange. Comme dans un soupir.

    - Tu es bien aimable, Mercurio, mais j'ai peur que tu ne puisses pas grand chose...

    - Détrompez-vous mon prince... ou devrais-je dire : mon roi. Je suis votre conseiller officiel, souvenez-vous-en. Lorsque besoin sera, je pourrai parler en votre nom. Et vous aider lors des décisions difficiles. Il y a certaines tâches auxquels vous ne pourrez pas couper : la justice royale, les banquets, les réceptions... Mais vous êtes bien jeune pour tout un royaume. Je vous aiderai.

    Sirius hocha simplement la tête, trop abattu pour débattre plus. Mercurio se tut aussi, la mine toujours sombre, mais au fond il exultait. ENFIN. Le royaume était à lui. N'en déplaises aux stupides traditions de ces stupides félins et canins !


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  • - Dame Guédelie ? Nous venons de recevoir un pigeon.

    - Oui ?

    - C'est le duc de Montferrant.

    La chienne lâcha immédiatement la cruche qu'elle tenait et la reposa sur la table avec tant de précipitation qu'un peu d'eau s'en échappa.

    - Donne !

    Sans attendre elle prit des mains de l'oiseleur le papier qu'il tenait. Elle reconnu en effet le seau de Montferrant, avec son écartelé de chevaux.

    "Dame Guédelie de Crosang,

    Cessez de vous acharner à porter ce titre que vous usurpez. En l'absence d'héritier mâle, le trône de Crosang revient en toute légitimité au frère de notre défunt duc Louis. Celui-ci est à côté de moi au moment où j'écris ces lignes, et affirme qu'il prétend toujours à cet héritage. En continuant d'exercer l'autorité de duchesse, vous vous portez à l'encontre des lois du roi. Pour la dernière fois : abdiquez et laissez sa place au seigneur légitime.

    Portez vous bien."

    Avec, en guise de signature, le seau de Montferrant trempé dans l'encre. Pas de cire pour les pigeons, ils seraient trop alourdis. 

    Guédelie ferma le poing sur la lettre et la froissa jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une boule dans le creux de sa paume. Sa mâchoire était crispée.

    - Madame ? Que dit-il ?

    Elle finit par desserrer les dents pour répondre à son oiseleur :

    - Ils insistent.

    Elle avait lâché ça sur un ton unis et apparemment calme, mais le jeune renard chargé des oiseaux la connaissait depuis assez longtemps pour savoir que l'orage grondait. Il tenta de se montrer prévenant.

    - Ils doivent bien proposer une alternative, pas vrai ? Une compensation ? De la diplomatie ?

    - De la diplomatie ? Ses messages sont de plus en plus insultants, oui. Sous prétexte que je n'ai pas ce qu'il faut entre les pattes, ils veulent m'attaquer devant la justice royale ! Je commandais déjà Crosang avant que mon imbécile de mari ne trépasse à la guerre, de quoi se mêlent-ils ?

    Elle était de moins en moins calme, ce qui se semblait pas rassurer l'oiseleur.

    - C'est probablement... L'annonce de la mort du roi. Tout le monde est très perturbé par cette nouvelle.

    - Ridicule ! Si nous avons reçut le pigeon aujourd'hui, il ne pouvait pas déjà être au courant lorsqu'il a écrit cette lettre. Non, au contraire, il devait encore se croire sous sa protection.

    Elle retroussa les babines, laissant percevoir ses crocs blancs et pointus.

    - Mais dommage pour lui, ce n'est plus le cas. M'étonnerait fort que le jeune roi aient les épaules de son père. On raconte de lui qu'il passe plus de temps dans les jardins que à sa cour.

    - Et... donc ?

    Le renard ne voyait visiblement pas où elle voulait en venir. C'était pourtant évident, non ?

    - Il aura bien assez à faire pour se faire respecter dans son propre palais. Et moi, c'est du seigneur de Montferrant que je veux me faire respecter ! Fera-t-il encore son impertinent avec des soldats à ses portes ?

    - Madame, vous voulez vraiment...

    - Passer aux choses sérieuses, oui. Renvoyez un message : l'injure a assez duré. Ils veulent me reprendre ces terres qui me reviennent de droit ? Je vais leur faire comprendre QUI commande les armées de Crosang.

    Sans laisser le temps à l'oiseleur de rétorquer, elle quitta la pièce et claqua la porte derrière elle. Les pans de sa robe flottaient derrière elle comme les voiles d'une mer de sang. Elle descendit les escaliers menant à la cour du château, les soldats de la garnison s'entraînaient là comme toute les semaines.

    - Faites sonner la trompe, j'ai un message à faire passer aux troupes. On quitte le château dans trois jours, le temps d'organiser mon absence.

    - Madame ?

    Le chien qui s'adressa à elle d'un air étonné était Jean, le lieutenant de Crosang.

    - On est en guerre contre Montferrant, c'est officiel.

    Les soldats avaient cessé leurs prises de fer en apercevant la dame de Crosang arriver. Ils se regardèrent avec surprise. La guerre ? Ils savaient que la situation était tendue depuis quelques temps, mais... La guerre, vraiment ? L'annonce était arrivée si rapidement qu'ils ne se rendaient pas encore compte de ce que cela signifiait. Partir, dire au revoir à sa famille ? Adieu peut-être ?

    La protestation n'était pas de mise : Dame Guédelie ne supportait pas les opposants politiques. Et qui n'était pas avec elle était son ennemi. Jean acquiesça donc d'un signe de tête.

    - Je ferais passer le message.

    Pour la première fois depuis l'arrivée du pigeon, Guédelie sourit. Et ce sourire n'annonçait rien de bon.


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    Loni marchait tranquillement dans les rues de la ville, le message qu'il devait transmettre étant transmis.

    Personne ne faisait vraiment attention à lui, chacun vaguant à ses occupation : qui faisait sécher son ligne sur le fils tendus entre deux maison, qui rentrait son bateau pour l'amarrer à côté de chez lui, qui ramenait le fruit de sa pêche pour préparer le poisson du midi...

    Soudain, un autre reptile, une lézarde aux écailles oranges et brune, déboula dans la rue au pas de course. Lorsque son regard se posa sur Loni, son visage s'éclaira. Elle s'arrêta de courir et marcha vers lui à grands pas.

    Elle était plutôt grande, avec une longue queue fine, et portait elle aussi la tenue des messagers. Lorsqu'elle arriva à son niveau elle s'arrêta et demanda d'un ton professionnel :

    - Loni Oeil-de-Saphir ?

    Le reptile sursauta lorsqu'il entendis son nom. Il se tourna pour être face à son interlocutrice, essayant de se donner un minimum de sérieux.

    - C'est bien moi

    Un sourire étira ses fines lèvres de lézard.

    - Parfait. Je te cherchais, de la part du chef des messagers. Je suis Rydale, son apprentie.

    Elle lui tendit une petite sacoche de cuir.

    - Il y a là-dedans trois messagers différents pour trois destinataires différents. Tu sais lire, pas vrai ?

    Elle avait un ton impérieux, légèrement supérieur, mais tout de même amical.

    - Et bien... Je commence à mieux lire mais j'ai encore un peu de mal avec certaines lettres...

    Lui avait un ton plus calme et sincère. Il fixait la sacoche, légèrement excité à l'idée de transmettre à nouveau des messages.

    - Ça suffira, conclu-t-elle. Ces trois messages te portent loin, au delà des frontières de notre royaume... C'est pourquoi nous te les donnons en une fois.

    Elle lui tendit la sacoche.

    - Le plus proche te portera à Peyrpintell, le suivant à Arguentbourg, et le dernier à Havreblanc. Tu vas voir du pays ! Tu en as de la chance !

    Elle ponctua sa phrase par un clin d'oeil.

    - C'est pas tout les jours qu'on a l'occasion d'un tel voyage. Tu devrais remercier le chef d'un tel honneur. En plus, j'ai cru comprendre que certains messages étaient importants... Ne traîne pas trop en route !

    - Très bien.

    Il sortit les enveloppes de la sacoche afin de lire les noms sur chacun puis releva la tête vers Rydale.

    - Ce sera fait.

    - On peut te faire confiance pour t'occuper des détails, pas vrai ? Il paraît que jusque là tu n'avais jamais déçu.

    Elle semblait déjà prête à repartir, comme si elle lui avait demandé la chose la plus naturelle du monde.

    - Une dernière chose, sais tu quels bateau est le moins cher en ce moment?

    - Ha, oui ! Les bateaux, je devais t'en parler !

    Loin de paraître gênée de son "léger" oubli, la lézarde enchaîna :

    - Le mieux serait de s'intégrer à un navire marchand qui ferait ce trajet naturellement. Je ne suis pas au courant de tous les départs pour les prochains jours, mais le chef m'a dit qu'il y en avait un au port en ce moment qui devrait faire l'affaire. Un truc du genre "le Goëland", "la Sterne"... Et tous les frais de trajets te serons remboursés bien sûr. Tu penses avoir une avance suffisante ?

    Il sortit un petite bourse et compta les pièces.

    - J'ai quelques Pans et des pièces de cuivres. Ça devrait aller en plus des provisions.

    Néanmoins, il soupira. Même si ce n'était qu'une avance, il détesté dépenser des sous. La lézarde leva les yeux au ciel, agacé par son soupir.

    - C'est bon, c'est bon... Tiens, prend ça d'avance. Ça ne te fera pas tout le voyage mais ça sera déjà plus sûr pour toi.

    Puis elle marmonna entre ses dents : "Le chef a intérêt à me rembourser ça aussi".

    Se reconcentrant sur lui :

    - Cette fois c'est bon ? Pas d'autre sujet d'inquiétude ?

    Elle était visiblement assez tête-en-l'air, ce qui devait être embêtant pour une messagère.

    Loni prit ravi les pièces qu'elle lui tendais.

    - Non, je crois que tout est bon désormais.

    Il contemplait les pièces en souriant.

    - Très bien, dans ce cas au revoir. Tu auras certainement des réponses à ramener.

    Elle commençait à faire demi-tour lorsqu'elle s'arrêta.

    - Ha, oui ! Et le nom des destinataires est écrit sur chaque missive. C'est assez évident mais on m'a demandé de te le dire. Cette fois normalement c'est bien tout. Salut !

    Et elle finit par lui tourner le dos sans attendre la réponse du reptile blanc. Loni la regarda partir puis se dirigea d'un pas décidé vers le port en remuant les pièces dans sa paume. Direction le port

    ***

    Loni avançait lentement sur les quais, cherchant un capitaine de bateau près à l'emmener.

    Il y avait beaucoup d'activité sur les quais. Des marins chargeaient et déchargeaient des marchandises, des poissonniers installant leurs étals, des passants allaient et venaient, s'arrêtant parfois aux tavernes qui bordaient le port.

    Un reptile en particulier pouvait ressembler à un capitaine de navire. D'un vert terne, il portait un manteau de la marine et un tricorne rouge orné d'un plumeau. Il était en pleine négociation avec un marchand. 

    - Mais si, je vous assure, c'est un pur cru de Montvert, très réputé chez les félin-canins. Et les Esprits savent pourtant comme ils s'y connaissent ! À 10 pans vous y gagnez largement.

    - Ça me paraît exorbitant pourg du vin, réputé ou non. 5 pans, je n'irais pas plus haut.

    - Pardon ?! J'ai du mal entendre ? Allez... 8 pans, parce que vous êtes sympa. Je n'irai pas plus bas.

    - 6 pans, c'est à prendre ou à laisser.

    - Alors c'est à laisser. J'y perd trop. Je me trouverai un autre acheteur. Pour du vin pareil, ce ne sera pas compliqué...

    Le serpent vers semblait déjà prêt à partie quand le marchand le rappela :

    - Attendez ! Je... 7 pans, et une réduction sur mes articles. Adgugé ?

    Le marin eut un petit sourire. 

    - Adgugé.

    Une poignée de main, un échange de pièces, et le reptile au chapeau rouge semblait prêt à partir... 

    - Attendez ! s'écria Loni en courant jusqu'à lui.

    Le marin s'arrêta et se retourna, surprit.

    - C'est à moi que vous parlez ?

    Il le rattrapa rapidement et vint se poster en face de lui.

    - Possédez vous un bateau ?

    - Si je possède un bateau ?

    Il redressa la tête dans un élan de fierté.

    - Je suis capitaine sur la Mouette, le meilleur des bateaux ! Pourquoi cette question ?

    - Partez vous vers les royaumes Félins et Canins ? demanda Loni avec l'air le plus sérieux possible.

    - Entre autres, oui. J'y passe. Vous cherchez un transport pour vous y rendre ?

    Le marin commençait à devenir intéressé, le regardant un peu de la même façon que le marchand quelques instants auparavant.

    - En effet.

    Il désigna la sacoche.

    - J'ai des messages à livrer là-bas.

    - C'est un long voyage vous savez... On ne peut pas faire ça gratuitement. 

    Il haussa un sourcil.

    - Quel est votre prix?

    - Tout dépend... Jusqu'où voulez-vous aller ?

    - Jusqu'où pouvez-vous m'emmener surtout ?

    - Je suis les routes marchandes : je remonte vers le nord directement sur Naerthena, je passe par la Baie Argentée, je pousse jusqu'à Tintravel et je fais le retour en passant longeant Axima : Havreblanc, Roquembrun, Peyrpintell. Où que tu veuilles aller, si tu n'es pas pressé, tu finira forcément à destination !

    - Et donc, votre prix?

    Voilà qui devenait intéressant. Le serpent lâcha sans une hésitation :

    - Pour 1 écu on devrait pouvoir s'arranger. 

    Loni devient rouge de colère.

    - Un écu, non mais ça va pas ? Je vous en donne 2 pans pas plus! dit-il presque en criant.

    - 2 pans ? Mon pauvre ami... Vous pensez à la nourriture, l'entretient ? Allez... C'est un voyage professionnel, alors je descends à 7 pans parce que je suis sympa.

    - C'est de la nourriture de roi pour qu'elle coûte aussi cher ?! 4 pans, pas un de plus!

    Le marin avait l'air ravi, parfaitement dans son élément.

    - Si vous avez des problèmes pour le financement, je peux m'arranger pour que vous dormiez en cale avec les membres d'équipage. Ça nous ferait descendre à 5 pans, plus une trentaine de pièces pour votre part à la taxe d'amarrage.

    - 5 pans tout court est c'est bon pour moi.

    Le serpent paru hésiter. Finalement il tendit la main.

    - Parfait. Nous levons l'encre demain en milieu de matinée, avec la marée. Vous y serez ?

    - Très bien.

    Il serra la main du reptile avant de prendre sa bourse et d'en sortir 5  pans pour les lui donner. 5 pans qui terminèrent avec les 7 du marchand. 

    - Au fait, je suis le capitaine Deth'ra, et la Mouette est le navire là-bas.

    Il désigna un bateau marchand à la coque peinte de blanc et aux voiles rangées.

    - A qui ais-je l'honneur ?

    - Loni Oeil de saphir. Enchanté de vous connaître.

    Il sourit et le serpent lui rendit son sourire.

    - Enchanté de même, Loni. On se retrouve donc demain matin, au lever du soleil pour l'embarquement. Je préfère avoir tout le monde en avance pour ne pas rater la marée.

    - Très bien.

    C'était affaire conclue.


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