Top, merci! o/

"A l'ombre d'une enseigne rabotée et repeinte récemment, il est possible de trouver un papier cloué sur une porte en bois brun. Le papier invite à patienter ou repasser plus tard avec une pointe d'insolence. Ceci dit, la porte est trop rarement fermée pour laisser le temps aux clients et visiteurs de s'offusquer d'un tel manque de respect.

A l'intérieur se trouve une variété de tissus innombrable. Certains sont venus de loin pour satisfaire les personnalités les plus raffinées et exigeantes (ou simplement excentriques?). Des rubans et des bobines de fils traînent encore sur le comptoir. Le propriétaire du commerce n'hésite pas à travailler dans une pièce ouverte à la vue des plus curieux. S'il n'a pas l'air trop ordonné, il n'en reste pas moins méticuleux et appliqué lorsqu'il entreprend un travail."

Si jamais, je pourrais sûrement trouver une illustration aussi? :o (a moins que ce ne soit pas nécessaire ou que tu en ais déjà en réserve?)

Eh bien, après avoir fouiné... Je suis tombé sur deux trois trucs qui pourraient faire l'affaire, peut être. J'avoue ne pas trop savoir ce qui conviendrait le mieux (pas facile de trouver des décors précis)

Qu'est ce que tu en dis, toi? :o

Va pour la dernière du coup! :o (elle me parait aussi mieux coller, j'espère qu'elle ne tranchera pas trop avec le style du reste d'Aurorès? :')

Nickel dans ce cas! *^*  Encore merci!

la matinée avait été très calme au château. Tellement que Sungi avait eu la possibilité de quitter le boulot aux douze coups de midi. Elle s'était ensuite autorisé une promenade dans les rues de la capitale à la recherche de petites emplettes. 

En passant à côté de la boutique de tissus, le message presque insolent du gérant avait retenu son attention. Si elle s'était sentie offusqué par ce manque de respect, l'achat de tissu et de ficelle n'en restait pas moins utile. Après quelques secondes d'hésitation, la Lycaon décida d'y rentrer. 

A première vue, l'intérieur était somme tout agréable et  l'ambiance de "petite caserne d'Alibaba" lui fit plaisir. 

- Bonjour. Lança t-elle sans hausser la voix à qui voulait bien l'entendre. 

Tout de suite son oeil fut attiré par quelques couleurs de tissus et motifs intéressants.  

N'y a t il pas plus beau programme que celui qu'il vient tout juste de dessiner? Il passerait la matinée a terminer les ouvrages pour les derniers clients, puis il pourrait enfin s'offrir une après midi à traîner en ville. Ou qui sait, peut être provoquer deux ou trois balourds dans son auberge favorite avant de fuir comme un gros lâche. Une idée n'excluant pas l'autre s'il se mettait à l'ouvrage sur le champ. Bénie soit son habileté et ses mauvaises motivations.

Ohl a, comme chaque matin de la semaine, calé la porte de la boutique pour qu'il soit entendu qu'elle est o-u-v-e-r-t-e. Eh oui, il pense à ces chers demeurés pas foutu de tourner la poignée d'une porte pour vérifier ça, hum. Quel seigneur de bonté cet aquilien.

Ceci dit, malgré sa bonne humeur un doute subsistait: et si comme par hasard, un nouveau venu décidait de passer commande pile au moment ou il prendrait place derrière son atelier? Evidemment, c'est une jeune femme qui confirmait rapidement ses craintes. Ohl maudissait son karma.

- Bien le bonjour madame! Lançait-il en relevant fièrement son bec. - Non pas que je veuille vous paraître indélicat mais... je ne vous aie jamais vue par ici. Puis-je vous aider?

En suivant le regard de l'inconnue, il comprenait que l'ensemble des couleurs avait attirée son attention. Le tisserand aime se flatter mais pour une fois ce ne serait pas en tant que vantard qu'il pourrait affirmer varier ses palettes plus qu'aucun autre dans la région.

Sungi lui sourit. Elle ne s'était pas attendue à ce que la boutique soit tenue par un Aquilin. Rare étaient ceux vivant dans le royaume canin/félin. 

- Je suis pourtant bien d'ici. Répondit-elle amusée. Pourtant, à en croire sa tenue, elle ressemblait plus à une voyageuse qu'une habitante sédentaire. 

Puis elle reporta son regard sur les tissus :

- Je suis a la recherche de tissus peut-être plus léger pour ce début de printemps. Mais ne vous en faites pas, je vais regarder et les sélectionner.

Elle laissa un petit silence, le temps d'examiner l'un des tissus avant d'engager une petite conversation. Elle détestait subir le poids du regard d'un vendeur. 

- Vous habitez ici depuis longtemps? 

Ohl lui rendit son sourire, sans insister. Il savait à quel point les vendeur peuvent parfois être trop envahissant, à vouloir absolument parler de leurs étals, de la provenance des produits, tout ça... alors qu'au final, si mamie veut acheter des tomates elle s'en fiche un peu qu'elle soit du jardin voisin ou de plus loin. Mamie, elle veut juste ses tomates pour sa soupe!

- Oh, on est prévoyant donc? Vous faites bien! Pour la saison prochaine je risque de crouler sous le boulot.., déglutit l'emplumé en y songeant. - Je recommande des couleurs claires mais pas vives en général.

Alors qu'il se concentrait de nouveau sur sa tâche, la jeune femme l'interrompait. Pas fan de longs silences sans doute?

- Depuis mon enfance, mais je me faisais discret jusqu'à il y a quelques mois.

Pas forcément pour lui déplaire. D'ailleurs il trouvait le sobriquet dont on l'a affublé, plutôt amusant.

- Et vous, si je ne suis pas indiscret?

Ses yeux se reposaient sur l'ouvrage qu'il comptait terminer un peu plus tôt, mais son attention restait portée sur la nouvelle venue. Il n'en avait pas croisé beaucoup avec une variations de couleur comme celles ci. Il faut dire qu'il ne vagabondait pas assez loin aussi, pour voir des têtes autres que celles qu'il connait déjà très bien.

Sungi sourit à l'idée et hocha la tête : 

- vous avez raison, des couleurs pâles et clairs feront la différence des dames de la cour. 

Car les tissus n'étaient pas tous destinés à devenir des robes pour elle mais aussi pour sa mère (adoptive). Celle-ci se montrait très coquette et avait largement confiance en elle pour assumer porter des couleurs différentes des couleurs vives des belles robes des dames. La Lycaon chercha du regard une étagère dans les tons recherchés et se dirigea vers l'une d'elles. Elle tirait doucement quelques rouleaux pour les rapprocher et vérifier que les couleurs s'accordaient. 

Elle reporta son attention sur le vendeur. Alors il vivait depuis longtemps ici ? Bien. Elle ne savait pas vraiment quoi en penser. C'était peut-être bien pour lui. Ou pas? 

Et vous, si je ne suis pas indiscret ? 

Elle ne pouvait pas lui en vouloir de lui retourner la question et le regarda pour répondre :

- Je suis arrivée ici il y a quelques années aussi. Début d'adolescence, à peu près. 

Le visage toujours aimable et détendu, elle reporta le regard sur les tissus et en choisi certains qu'elle laissait dépassé. 

- Je vous prendrais ceux-ci pour commencer, s'il vous plait. 3mètres suffirons. 

Puis elle s'orienta à nouveau vers des teintes plus foncées : marron, vert. Et pour finir, elle choisi différents teints de bleu et de oranges. 

- Vos teintes sont vraiment belles, j'admire la qualité des couleurs. 

La cour, la cour... L'homme oiseau s'amusait plus ou moins à imaginer le rôle que pouvait tenir sa cliente pour en faire mention. Peut être travailler dans les cuisines? Sinon ce serait amusant de voir un noble revêtir la même tenue que les gens du peuple pour se fondre dans la masse. Quoique, il l'imaginait peut être davantage comme suivante? Son teint ne l'aiderait pas à jouer les espions sans doute, donc il effaçait cette idée ci de sa tête.

- Des années? Et vous n'êtes jamais passée par ici? Il va falloir rattraper tout ça!

Ohl adore voir de nouvelles têtes. Non pas pour ce qu'elles présagent forcément pour son commerce, mais simplement parce que la nouveauté à son charme. Et cette femme ci lui apparaissait véritablement sympathique.

- De très bon choix! Je vous les comptes. Enfin, j'aurai peut être joué la carte de l'audace pour innover et devancer la mode actuelle?, se faisait il comme réflexion plus pour lui-même.

Tandis qu'il déposait son ouvrage, le tisserand fouinait près de lui pour trouver la paire de ciseaux. Il s'appliquait à laisser deux bons centimètres de plus avant de couper.

- Merci bien madame, fit-il dans un nouveau sourire. - Vos éloges iront aussi à mes chers collaborateurs.

Après avoir enroulé les mètres de tissus colorés, il s'appliquait à faire une attache pour faciliter le transport.

- Ah, dites moi, vous n'aurez pas besoin que je me charge de certaines coutures? Ca ira?

Elle rigola à la petite plaisanterie, ma foi bien placée. 

- J'espère pour vous, cela vous ferait une excellente publicité. 

Elle réfléchit ensuite à la question bien plus professionnelle, hésitante. 

- Je ne pense pas pour le moment. Mais si à tout hasard je n'arrive pas à faire une certaine couture, pourrais-je revenir vous quémander de l'aide? 

Elle se dirigea vers le comptoir, prête à payer les tissus. 

Ohl à vu passer nombre de clients dans sa vie, et même dans celle de son père adoptif. Des silencieux, des plus bavards que lui, des mollassons, des rapides, des impatients, des colériques, des plus doux et aimables. Tellement de personnalités. Toutefois, ce qui arrive moins couramment est cette aisance naturelle qui s'installe. Il a vu un tas de timides, quelques grincheux, des geignards indécis, des mamie un peu trop gâteau aussi. Curieusement, il parle moins boulot qu'il ne serait possible de l'imaginer. Généralement les gens donnent surtout les détails du pourquoi de leur commande: "c'est pour offrir a la petite fille malade", "c'est pour le deuil de la cousine de l'ex fiancé de monsieur", "c'est pour les rideaux de la quatrième fenêtre gauche du deuxième salon de la maison de papy de bonne famille". L'aquilien essaie de les guider vers des couleurs qui s'harmoniseraient au mieux avec le reste, ou avec leur teint.

- Héhé, c'est comme ça qu'on suit son temps!

Ohl lui présenta la somme, en hésitant à lui proposer une babiole pour accompagner le tout.

- Oh, oui, n'hésitez pas. Je fais surtout du rafistolage mais je peux créer des ensembles sans mal. Il vous suffira de me laisser faire un ou deux croquis, prendre les mesures.. Enfin, nous verrons si l'occasion se présente un jour! Je serai ravi de vous accueillir!

Ceci fait, avant de se replonger dans son travail, il s'arrêtait un instant, hésitant.

- Vous allez avoir une bonne charge à porter, mine de rien. Je doute pas que vous soyez capable d'en porter cent comme ça, mais au besoin, j'aurai un peu de temps pour aider, ajoutait-il finalement, moins sûr de lui.

Sungi émit un rire, amusée, avant de recevoir la somme. Elle la paya sans chercher à vérifier quoi que ce soit. C'était surement un tord, car elle savait que bon nombre de vendeurs se montraient aussi agréable qu'arnaqueur. Mais Ohl lui faisait bonne impression. Il était un des rares vendeurs à ne pas lui parler de tous ses produits dans le but de lui faire acheter toujours plus. Dans tous les cas, cette machination marchait très rarement avec la jeune messagère. Elle avait pour habitude de rentrer dans un magasin en ayant des idées bien précises en tête. Et si ce n'était pas le cas, comme ici, ses idées se fixaient rapidement de manière à lui éviter tout achat en trop. Enfin bon, le voir respecter ses achats précis lui faisait suffisamment plaisir pour lui accorder sa confiance. 

Au sujet de la couture, elle lui envoya un sourire sincère. 

- Merci beaucoup. Avez-vous un emploi du temps stricte par rapport à ces coutures ? 

Elle ne voulait pas le déranger dans une toute autre activité. Il était déjà sympathique de lui proposer cette aide, non gratuite, elle s'en doutait. Puis elle regarda le fardeau et émit un nouveau rire confus :  

- Vous avez raison, j'ai été généreuse sans me soucier du transport. Par ailleurs je ne voudrais pas vous déranger dans la gestion de votre magasin. J'ai peut-être la possibilité d'appeler quelqu'un pour m'aider à porter, bien que cela me coûte un aller retour. Pouvez-vous simplement me les mettre de côté ? 

Elle pensait au pauvre chien qu'elle a aidé ce matin même, et qui devait probablement l'attendre vers chez elle. Il paraissait si gentil et gêné d'être aidé sans rien pouvoir faire en retour. 

Emploi. du... temps. Ah! Ces mots lui rappelaient ce certain désordre dont il peut faire preuve de temps en temps. Oh, bien sûr il a ses horaires fixes en semaine. Parfois il ferme un peu plus tôt, ou tard, à une dizaine de minutes près. Et parfois il se permet quelques exceptionnelles fermetures lorsqu'il a besoin de changer d'air. Enfin... voilà. Il manque de sérieux le bougre, et même s'il assume ça reste gênant.

- C'est que... herm. Stricte, oui, on va dire, répétait-il en se massant la tempe gauche. - Je vais vous laisser ce papier avec les horaires, on ne sait jamais.

Il lui rendit son sourire en culpabilisant presque de ne pas préciser qu'il pourrait peut être parfois y avoir des imprévus. Ce n'est pas courant. Hein. Enfin, ça arrive quand même. Voilà.

- J'ai juste un petit travail à achever. Je comptais prendre ensuite mon après midi mais je peux aussi bien inverser les tendances!

Ohl, en héro, n'aurait pas pu la laisser quitter les lieux avec les bras chargés au point de ne plus pouvoir regarder devant elle.

- Si ma compagnie ne vous dérange pas, je range ces petits trucs là, fit-il en pointant du doigt la paire de ciseau et la petite boîte remplie de rouleaux de fils. - et je suis à vous!

Elle fut ravi de le voir insisté pour l'aider. Elle lui répondit en rangeant le bout de papier avec les horaires : 

- Vous êtes trop aimable. Faites donc je vous attends. 

Elle le regarda faire, patiente. 

- Avez-vous besoin d'un coup de main ? 

Elle doutait pouvoir l'aider dans l'organisation de son comptoir. Mais peut-être se servirais t-il d'elle pour aller remettre un rouleau au bon endroit. Ce n'était pas très dur.