• - Dame Guédelie ? Nous venons de recevoir un pigeon.

    - Oui ?

    - C'est le duc de Montferrant.

    La chienne lâcha immédiatement la cruche qu'elle tenait et la reposa sur la table avec tant de précipitation qu'un peu d'eau s'en échappa.

    - Donne !

    Sans attendre elle prit des mains de l'oiseleur le papier qu'il tenait. Elle reconnu en effet le seau de Montferrant, avec son écartelé de chevaux.

    "Dame Guédelie de Crosang,

    Cessez de vous acharner à porter ce titre que vous usurpez. En l'absence d'héritier mâle, le trône de Crosang revient en toute légitimité au frère de notre défunt duc Louis. Celui-ci est à côté de moi au moment où j'écris ces lignes, et affirme qu'il prétend toujours à cet héritage. En continuant d'exercer l'autorité de duchesse, vous vous portez à l'encontre des lois du roi. Pour la dernière fois : abdiquez et laissez sa place au seigneur légitime.

    Portez vous bien."

    Avec, en guise de signature, le seau de Montferrant trempé dans l'encre. Pas de cire pour les pigeons, ils seraient trop alourdis. 

    Guédelie ferma le poing sur la lettre et la froissa jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une boule dans le creux de sa paume. Sa mâchoire était crispée.

    - Madame ? Que dit-il ?

    Elle finit par desserrer les dents pour répondre à son oiseleur :

    - Ils insistent.

    Elle avait lâché ça sur un ton unis et apparemment calme, mais le jeune renard chargé des oiseaux la connaissait depuis assez longtemps pour savoir que l'orage grondait. Il tenta de se montrer prévenant.

    - Ils doivent bien proposer une alternative, pas vrai ? Une compensation ? De la diplomatie ?

    - De la diplomatie ? Ses messages sont de plus en plus insultants, oui. Sous prétexte que je n'ai pas ce qu'il faut entre les pattes, ils veulent m'attaquer devant la justice royale ! Je commandais déjà Crosang avant que mon imbécile de mari ne trépasse à la guerre, de quoi se mêlent-ils ?

    Elle était de moins en moins calme, ce qui se semblait pas rassurer l'oiseleur.

    - C'est probablement... L'annonce de la mort du roi. Tout le monde est très perturbé par cette nouvelle.

    - Ridicule ! Si nous avons reçut le pigeon aujourd'hui, il ne pouvait pas déjà être au courant lorsqu'il a écrit cette lettre. Non, au contraire, il devait encore se croire sous sa protection.

    Elle retroussa les babines, laissant percevoir ses crocs blancs et pointus.

    - Mais dommage pour lui, ce n'est plus le cas. M'étonnerait fort que le jeune roi aient les épaules de son père. On raconte de lui qu'il passe plus de temps dans les jardins que à sa cour.

    - Et... donc ?

    Le renard ne voyait visiblement pas où elle voulait en venir. C'était pourtant évident, non ?

    - Il aura bien assez à faire pour se faire respecter dans son propre palais. Et moi, c'est du seigneur de Montferrant que je veux me faire respecter ! Fera-t-il encore son impertinent avec des soldats à ses portes ?

    - Madame, vous voulez vraiment...

    - Passer aux choses sérieuses, oui. Renvoyez un message : l'injure a assez duré. Ils veulent me reprendre ces terres qui me reviennent de droit ? Je vais leur faire comprendre QUI commande les armées de Crosang.

    Sans laisser le temps à l'oiseleur de rétorquer, elle quitta la pièce et claqua la porte derrière elle. Les pans de sa robe flottaient derrière elle comme les voiles d'une mer de sang. Elle descendit les escaliers menant à la cour du château, les soldats de la garnison s'entraînaient là comme toute les semaines.

    - Faites sonner la trompe, j'ai un message à faire passer aux troupes. On quitte le château dans trois jours, le temps d'organiser mon absence.

    - Madame ?

    Le chien qui s'adressa à elle d'un air étonné était Jean, le lieutenant de Crosang.

    - On est en guerre contre Montferrant, c'est officiel.

    Les soldats avaient cessé leurs prises de fer en apercevant la dame de Crosang arriver. Ils se regardèrent avec surprise. La guerre ? Ils savaient que la situation était tendue depuis quelques temps, mais... La guerre, vraiment ? L'annonce était arrivée si rapidement qu'ils ne se rendaient pas encore compte de ce que cela signifiait. Partir, dire au revoir à sa famille ? Adieu peut-être ?

    La protestation n'était pas de mise : Dame Guédelie ne supportait pas les opposants politiques. Et qui n'était pas avec elle était son ennemi. Jean acquiesça donc d'un signe de tête.

    - Je ferais passer le message.

    Pour la première fois depuis l'arrivée du pigeon, Guédelie sourit. Et ce sourire n'annonçait rien de bon.


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  • Les oiseleurs, comme leur nom l'indique, sont chargés de l'entretient des oiseaux d'un château. Cette fonction est très répandue dans le royaume félino-canon et mustin, mais beaucoup moins chez les reptiliens... tout simplement car l'élevage d'oiseau est beaucoup plus rare chez eux.

    Chez les riches seigneur, il peut s'agir d'oiseau d'ornement, simplement élevés pour leur beauté, mais la plupart du temps un oiseleur s'occupera de rapaces et de pigeons. 

    De rapaces pour la fauconnerie, discipline très pratiquée pour la chasse, et parfois même la guerre. L'élevage des rapace est un travail à plein temps nécessitant patience et connaissances.

    De pigeons pour l'information. Ces petits oiseaux sont un atout non négligeable pour la diffusion de messages et il faut bien des gens pour s'en occuper, les sélectionner, et organiser la répartition des ces pigeons dans les différents pigeonniers du royaume pour ne jamais être à court.


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  • Pas d'internet, pas de téléphone. Comment communiquer à plusieurs centaines de kilomètres de distance lorsqu'une information urgente doit être partagée ? C'est là toute une problématique, et pas des moindres !

    Les messagers sont bien entendus une réponse. Rapides, fiables, ils connaissent leur métier et s'occupent de relayer les information à travers le (ou "les" !) royaume(s). Mais ce peut être long, même avec une monture et de l'entraînement.

    Les pigeons sont aussi très prisés, plus rapides, pouvant voyager plusieurs jours sans repos. Mais un pigeon est facilement intercepté : il suffit qu'un aigle ou un faucon passe par là, et adieu message de la plus extrême importance. Et bien sûr, il y a l'inconvénient principal des pigeons : ils ne peuvent pas être envoyés n'importe où. Un pigeon voyageur retourne à son nid, ce qui signifie que pour envoyer un pigeon à un endroit, il faut avoir préalablement reçut des pigeons nés dans ce lieu.

    Enfin, il existe des voyageurs qui n'ont pas pour rôle premier l'information : marchands itinérants, ménestrels et baladins... Inconsciemment parfois, il participent à la transmission des informations en Aurorès.


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  • Guédelie de Crosang
    La dame de Crosang
    Âges : 35 ans Sexe : Femelle
    Peuple : Canin
    Physique
    Guédelie est un croisement entre le loup et le border-collie. Elle a le poil gris, long et doux, elle prend plutôt soin de sa fourrure. Son museau, le bout de ses pattes et de sa queue sont blanc comme neige, et ses yeux dorés. Elle porte souvent du rouge, couleur de sa famille mais aussi emblème personnel.
    Caractère
    Guédelie a un caractère fort, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et ne tolère pas la moindre injure. Elle est une femme, c'est un inconvénient, alors elle a prit l'habitude de compenser par sa force de caractère et son autorité. Elle n'a pas beaucoup d'empathie, et fait rarement preuve de pitié. Des sentiments, elle en a, mais il ne l'arrêtent pas lorsqu'elle s'est fixée un but. Elle n'est pas très scientifique, pas très littéraire, mais elle a une intelligence sociale, politique pourrait-on dire. Elle sait s'entourer. Mais si elle juge que quelqu'un lui est inutile ou trop coûteux, elle sait aussi se débarrasser sans états d'âmes : comme je disais, elle ne s'arrête pas à des sentiments comme la pitié ou la compassion. Autour d'elle, on la craint comme on la respecte pour son intransigeance. Elle choisit avec soin ses conseillers. Elle ne tient pas particulièrement à se remarier, mais elle sait qu'elle devra y passer un jour pour perpétrer sa maison. Car il est bon de préciser qu'elle hait les mâles tout autant que les félins.
    Profession : Duchesse de Crosang
    Blason : De gueule au dragon d'argent. On y retrouve l'emblème de Crosang, avec l'argent issus des armoiries de sa famille.

    exemple description:

    Guédelie est l'aînée de la famille Tourmand, première fille avec deux petits frères juste derrière. Elle a été élevée comme une brave petite fille : à faire de la dentelle, de la broderie et des révérences. Pendant ce temps ses frères apprenaient l'équitation, le combat et la chasse. Elle se devait d'être sage et cultivée : on lui apprit l'histoire et la lecture. Elle devait être une bonne épouse : on lui apprit la danse et la politesse. Et surtout, elle ne devait pas se faire trop remarquer : elle n'était "qu'une fille" tandis que le plus grand de ses frères était le joyaux de la famille. Dans cette ambiance misogyne, elle accumulait la rancune patiemment. A ses 15 ans, on la maria au duc Louis de Crosang, un loup mal luné et de 10 ans plus vieux qu'elle, mais c'était un tel honneur pour leur famille... Un duc, vous imaginez ! Et leur souverain direct qui plus est. Bref : elle était simplement l'objet d'une tractation pour améliorer les relations entre Tourmand et Crosang. Et elle en était parfaitement consciente. Mais elle replis son rôle avec honneur, brave petite chienne qu'elle était : elle dansa, reprisa, s'inclina et fit des courbette autant qu'il fallu pour contenter le duc Louis. Ce manège dura près de 10 ans. 10 ans durant lesquels elle fut la "dame de Crosang", découvrant peu à peu les rouages de la politique dans l'ombre de son mari. Elle n'était toujours "qu'une femme", mais elle était aussi "la duchesse". Peu à peu elle prenait sa vie en main, et acceptait de moins en moins d'injures. Il faut aussi préciser qu'elle n'eut jamais d'enfant, au grand désespoir du duc Louis. Le médecin de Crosang affirme qu'elle est stérile, mais elle le nie de bloc. Après ces 10 années (9 pour être précis), son mari partit en guerre contre un seigneur vassal récalcitrant. Il en sortit victorieux... mais sans ses tripes. Le duc Louis n'était plus. Guédelie était désormais maîtresse du château, et en l'absence d'héritier direct du duc, elle se proclama duchesse de Crosang et unique seigneur de ces terres. Les femmes au pouvoir son rares, mais existent. Et vu la réputation qu'elle s'était peu à peu forgée, les opposants étaient rares. D'ailleurs, les "rares" terminèrent soit au cachot soit exécutés publiquement pour trahison. Ce qui passa l'envie à d'autre de se manifester. Guédelie prenait les choses en main, et elle prouvait qu'elle avait de la répartie en politique. Elle menait d'une main de fer son petit duché et sa simple présence à une réception était une animation en soit. On la craignait et la respectait. Même si, pour obtenir cette déférence, elle était obligée de se montrer dix fois plus sévère que feu son mari : malheur à qui n'a pas payé sa gabelle, ou a qui dira un mot de travers ! Malheur au coq qui osera la réveiller le matin, et malheur au porc qui la regardera un instant de trop ! Plus récemment, un conflit l'opposa au duc de Montferrant (en même temps, avec ces saleté des félins, c'est bien normal !). Son beau-frère, le frère de Louis de Crosang, souhaitait réclamer le titre et les terres qu'il estimait lui revenir de droit : en l'absence d'héritier mâle, c'est au frère le plus proche que revient le commandement du duché, et non à l'épouse. Mais Guédelie ne l'entendait pas de cette oreille. Alors, allié au seigneur de Montferrant (qui savait avoir gros à gagner dans cette affaire : aider un duc à monter sur son trône, c'était les faveurs assurée en terme de diplomatie pour des années et des années. Une alliance non négligeable.), il la pressa plus fortement. La situation s'envenima peu à peu, et, finalement, éclata. Il faut dire que le roi Roland Haverblanc, depuis son trône de la capitale, était un roi de paix et ne supportait pas les disputes internes. Il aurait tranché la question dans le vif et aucun des deux n'en serait sortit gagnant. Mais beaucoup plus récemment, le roi Roland Havreblanc... a rendu l'âme. Et son fils Sirius est beaucoup plus jeune et inexpérimenté. L'occasion rêvée. Guédelie n'a pas attendue longtemps après avoir reçu la nouvelle : elle déclara officiellement la guerre à Montferrant. La meilleur des défenses est l'attaque. Advienne que pourra...

    "Je suis une femme, oui. Et donc ? Je pense que j'ai vu plus de sang dans ma vie que tous vos fantassins réunis. Oui, même sans avoir connu la guerre, stupide imbécile !"
    Plume de Choucas

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  • La tension monte. Les petites guerres entre petits seigneurs ont toujours existé, un temps de paix parfait n'est pas courant. Mais lorsque les ducs eux-même commencent à montrer les dents, c'est que des temps mouvementés s'annoncent.

    La dame de Crosang, Guédelie, et le duc de Montferrant, viennent de se déclarer la guerre pour une afaire de succession. Le beau-frère de la duchesse réclame la place de seigneur, et celle-ci ne compte pas la laisser. Le Massif Central, entre leurs deux territoire, semble une bonne barrière naturelle, mais les premiers combats arriverons un jour ou l'autre... et vu la puissance des deux famille, des innocents seront forcément prit entre les deux feux. Que chacun choisisse son camps.


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